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Soma Morgenstern

Rencontre enregistrée à l’occasion de la réédition de la trilogie Étincelles dans l’abîme en format de poche (Liana Levi, collection « Piccolo », octobre 2014)

Type de manifestation
Date de la manifestation
Type de media

Avec la participation de Jacques Lajarrige, Centre de recherches et d’études germaniques, université Toulouse II-Le Mirail, traducteur ; Victoria Lunzer-Talos, bibliothèque d’histoire de l’art à l’université de Vienne (Autriche) ; Stéphane Pesnel, université Paris IV-Sorbonne ; Claudine Raboin, université Paris Ouest Nanterre La Défense

Lectures par Daniel Kenigsberg

Rencontre animée par Alexis Lacroix, essayiste et rédacteur en chef à Marianne Soma Morgenstern (1890-1976) est un romancier, chroniqueur et essayiste autrichien qui fut l’ami de Joseph Roth et de Stefen Zweig, dont les noms servirent à l’introduire auprès du public français lors de la publication de son livre de souvenirs sur Vienne et sur l’exil, Fuite et fin de Joseph Roth (Joseph Roths Flucht und Ende), en 1998. Né en Galicie, province autrichienne rayée de la carte aux premières heures de la guerre de 14, Morgenstern a fait du judaïsme vivant de ses origines, mais aussi des menaces qui pesaient sur lui, la matière de sa trilogie romanesque Funken im Abgrund (Étincelles dans l’abîme), dont le premier tome paraît en 1935. De langue yiddish, il a fréquenté les écoles ukrainiennes et polonaises, et il a étudié l’hébreu dès l’enfance, ainsi que l’allemand, qui sera la langue de son métier de journaliste et d’écrivain. Correspondant culturel à Vienne pour la Frankfurter Zeitung, pour qui il écrit une abondante série d’articles où s’exercent sa verve lucide et son talent de conteur chaleureux, il se lie avec de nombreuses personnalités du monde théâtral, littéraire et musical (Alban Berg, Theodor W. Adorno, Anton Webern). Réfugié à Paris en 1938, il y retrouve Walter Benjamin et Siegfried Kracauer, et Roth, qu’il accompagne jusqu’à sa mort en 1939. Flucht in Frankreich (Errance en France) retrace le pénible chemin qui mène l’écrivain des camps d’internement français au port de Marseille, d’où il réussit, avec l’aide de V. Fry, à rejoindre les États-Unis. En Californie, où il croise Bertolt Brecht, Heinrich et Thomas Mann, Werfel et Alma Mahler, puis à New York, où il est très bien introduit dans le milieu artistique et intellectuel, Morgenstern ne se conçoit plus que comme écrivain ; la rupture de la Shoah paralyse son écriture, mais il s’en libère en écrivant sur ce sujet même un livre d’inspiration religieuse, Die Blutsäule (The Third Pillar). Il consacre la fin de sa vie à faire revivre le souvenir des amis disparus (Joseph Roth, Robert Musil, Alban Berg), sans jamais perdre de vue l’époque contemporaine, sur laquelle il porte un jugement sans complaisance. Il travaille à son autobiographie dont seules sont écrites les années de jeunesse (In einer anderen Zeit). Les circonstances tragiques de son existence et sa situation d’exilé ont empêché cet écrivain profondément humain d’accéder de son vivant à la notoriété que lui assure désormais la publication de ses œuvres en 11 volumes (éd. Zu Klampen, 1994-2001).

En collaboration avec Paris en toutes Lettres 2014