Virginie Linhart © Hannah-Oplae
À l’occasion de la publication du livre Le Jour où mon père s’est tu, éditions du Seuil, 2008 Conversation avec Geneviève Brisac, écrivain
Enfant, Virginie Lihnart, née en 1966, s’endormait chaque soir, sous le sourire du président Mao, le héros de son père : elle est la fille de Robert Linhart, fondateur du mouvement prochinois en France et auteur de L’Etabli (Éditions de Minuit), publié en 1978, devenu un classique sur le travail ouvrier et l’engagement. Alors que Virginie fête ses 15 ans, que François Mitterrand va être élu président de la République, Robert Linhart tente de mettre fin à ses jours. Longues semaines de coma, puis un silence qui dure vingt-quatre ans. Pour comprendre ce mutisme assourdissant Virginie Linhart a publié Le jour où mon père s’est tu : en chemin, pour retrouver les anciens compagnons de son père, elle a découvert leurs enfants.
À travers leurs souvenirs, c’est sa propre enfance qui a ressurgi. Parmi beaucoup d’autres questions, elle pose celle-ci : pourquoi les Juifs ont été si nombreux à participer au mouvement de 68 ? Elle donne un élément de réponse : « 68 a été une façon pour les enfants de Juifs rescapés de sortir du statut des survivants pour affirmer leur appartenance au monde des vivants... Rêver, c’est sortir de sa condition de survivant ».