Lidija et Sanja Bizjak
©DR
Récital pour piano à quatre mains par Lidija Bizjak, Sanja Bizjak
Debussy : Prélude à l'après-midi d'un faune
Ravel : Daphnis et Chloé (3ème partie)
Stravinski : Sacre du printemps
Introduction par Myriam Chimènes, directrice de recherche au CNRS (Institut de recherche sur le patrimoine musical en France)
Gabriel Astruc (1864-1938) fut l’une des plus éminentes figures de la vie musicale parisienne du début du XXe siècle. Originaire de Bordeaux et fils du rabbin Élie Aristide Astruc, l’un des fondateurs de l’Alliance israélite universelle, il débuta sa carrière dans le journalisme et l’édition musicale avant de fonder sa propre agence d’organisation de concerts et de produire les plus grands noms du moment. Ainsi sous le label « Grande Saison de Paris », on lui doit les premières venues à Paris notamment de Caruso, Nelly Melba, Toscanini, avec la troupe du Metropolitan de New York, Rubinstein, sans oublier Diaghilev et ses « Saisons russes ». Il fut également l’initiateur de nombreuses créations majeures (Strauss, Debussy et Stravinsky).
Mais sa grande aventure fut celle de la création du Théâtre des Champs-Élysées, son « Palais philharmonique » comme il aimait à le définir.
Pour concrétiser son rêve, il reçut le soutien financier du comte Isaac de Camondo et de Gabriel Thomas. Le théâtre est inauguré au printemps 1913 par une saison des plus brillante et internationale, qui culmine le 29 mai par la création houleuse du Sacre du printemps de Stravinsky sur une chorégraphie de Nijinski.
Ce printemps éblouissant entraînera sa ruine quelques mois plus tard. S’il ne dirigea ce théâtre que quelques mois, Gabriel Astruc y imprima néanmoins une certaine idée de modernité et d’audace qui perdure depuis un siècle.
En choisissant d’interpréter des oeuvres de Debussy, Ravel ou Stravinsky (parmi lesquelles une version du Sacre du printemps à quatre mains), les sœurs Bizjak revisitent un répertoire dont Gabriel Astruc fut l’un des promoteurs.