Lore Krüger photographiée par Florence Henri
© Galleria Martini & Ronchetti
Connue en Allemagne pour ses traductions de littérature anglo-saxonne, Lore Krüger pratiqua la photographie, entre 1934 et 1944, avec un talent que l’on ne découvre qu’aujourd’hui.
Née Lore Heinemann à Magdebourg en 1914, elle a dix-neuf ans lors de la prise de pouvoir de Hitler en 1933, et c’est en exil, à Londres, puis en Espagne et en France, qu’elle va développer son oeil de photographe.
Installée à Paris pour suivre l’enseignement de Florence Henri, elle pratique le portrait et la nature morte, mais aussi le reportage.
En 1940, elle est internée dans le camp de Gurs, mais elle parvient à fuir jusqu'à New York. En 1946, elle retourne vivre à Berlin-Est et abandonne la photographie pour des raisons de santé.
Restés longtemps dans une valise, quelque cent tirages originaux sont tout ce qui reste du travail de Lore Krüger.
Florence Henri, Portrait de Lore Krüger
Paris, 1937
© Galleria Martini & Ronchetti
2. Lore Krüger, Autoportrait
vers 1935
Sans titre, Palma de Majorque
Palma de Majorque, 1935
Sans titre, New York, 1943
Sans titre, Paris, vers 1936
Sans titre, New York, vers 1942
Gitans, Saintes-Maries-de-la-Mer, 1936
Gitans, Saintes-Maries-de-la-Mer, 1936
Gitans, Saintes-Maries-de-la-Mer, 1936
En 2008, deux jeunes Berlinoises, Cornelia Bästlein et Irja Krätke, découvrent cet ensemble et décident de le faire connaître. L’artiste, décédée en 2009, ne pourra voir l’exposition finalement présentée à la galerie C/O de Berlin en 2015.
L’exposition du mahJ dévoile une photographe originale, à l’oeuvre profondément ancrée dans l’esthétique de l’entre-deux-guerres, et à la palette d’expressions diversifiées : scènes de rue et paysages savamment construits ; portraits dynamiques et vivants ; reportages à l’humanité profonde – telle sa description du pèlerinage gitan des Saintes-Maries-de-la-Mer en 1936 ; et riches explorations formelles révélées dans des natures mortes et des photogrammes.
L’exposition permet aussi de suivre le parcours d’une exilée, parallèle à celui de tant d’autres juifs allemands, opposants, artistes et intellectuels, venus en France en 1933, et piégés lors de la défaite. Lore Krüger s’engagea activement dans la lutte contre le franquisme et le nazisme, et retraça sa vie dans une autobiographie, publiée peu après sa mort.
Exposition conçue par C/O Berlin Foundation, Cornelia Bästlein et Irja Krätke
Commissariat de l’exposition
Nicolas Feuillie, musée d’art et d’histoire du Judaïsme
Scénographie
Alice Geoffroy
Graphisme
Emmanuel Somot
Cette exposition a reçu le soutien de la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme et l'Antisémitisme (DILCRA)
En partenariat avec Télérama et France Culture