Auditorium
Bordeaux. Cosmopolitisme marchand, nations juives et sociétés urbaines - Par Évelyne Oliel-Grausz, historienne, maître de conférences à l’université Panthéon-Sorbonne - Paris 1
L’histoire des Juifs du Sud-Ouest est diverse, paradoxale, contrastée. Elle l’est dans le temps, car, s’ils ont été admis comme « nouveaux chrétiens », la fiction de catholicité de leur statut s’estompe à l’orée du siècle des Lumières, et, à la veille de la Révolution, il s’en faut de peu qu’un Juif ne soit élu aux états généraux. Elle l’est dans l’espace régional, car de Bordeaux à Bayonne, ou dans les localités modestes de Peyrehorade ou Labastide-Clairence, la visibilité urbaine des Juifs, leur degré d’inclusion civile, sociale et culturelle connaît des variations sensibles. La participation de grands négociants séfarades à la prospérité atlantique de Bordeaux et leur intégration relative aux élites bordelaises constituent une démonstration achevée du lien entre utilité économique, cosmopolitisme marchand et tolérance confessionnelle qui caractérise les grandes villes portuaires de l’Europe moderne.