Evgueni Khaldei (1917-1997), Le drapeau soviétique flottant sur le toit du Reichstag, Berlin, 1945 Grosset
Evgueni Khaldei (1917-1997), Le drapeau soviétique flottant sur le toit du Reichstag, Berlin, 1945 Grosset
Berlin, 2 mai 1945. Le drapeau soviétique flotte sur les ruines du Reichstag. Cette image de Evgueni Khaldei, figure majeure du photojournalisme soviétique, a fait le tour du monde.
Elle est présentée au MAHJ avec une soixantaine d’autres épreuves originales développées par l’auteur, provenant de l’agence photographique Voller Ernst. Cette grande exposition parisienne, centrée sur les années de guerre, témoigne de l’exceptionnel sens du cadrage et de la symbolique de Khaldei.
Evgueni Khaldei naît en Ukraine en 1917. L’année suivante, sa famille est victime d’un pogrom ; il est blessé par la balle qui tue sa mère. Il devient photographe à l’âge de 19 ans, engagé à Moscou par l'agence TASS.
Mobilisé en 1941 en tant que lieutenant et correspondant militaire spécial, il assiste aux ravages causés par l'invasion allemande dans un empire soviétique qui manque cruellement de préparation. Alors que s’impose le photojournalisme, il photographie la « Grande Guerre patriotique » soviétique. À l’automne 1943, son père et ses demi-sœurs sont assassinés par l’armée allemande qui traque les juifs lors de son repli. Il reste pourtant présent sur tous les fronts, et témoigne de la joie et de la détresse des populations “libérées” par l’Armée Rouge. Arrivé à Berlin, il réalise le 2 mai 1945 sa photographie Le drapeau soviétique sur le toit du Reichstag, qui devient le symbole de la fin de la guerre et de la victoire sur le nazisme.
Après la guerre, Khaldei suit la conférence de Postdam et le procès de Nuremberg, réalise pour l'agence TASS des clichés du communisme triomphant : usines grandioses, ouvriers radieux, grandes manifestations à la gloire de Staline. Il ne sera pas moins victime de l’antisémitisme du régime après que Staline eût décrété sa croisade contre le « cosmopolitisme ». Il connaîtra à plusieurs reprises le chômage et les difficultés quotidiennes.
La reconnaissance internationale de l’œuvre de Khaldei n’a lieu que tardivement, après la chute du communisme. En 1995, il est acclamé au festival « Visa pour l'Image » de Perpignan dont il est invité d’honneur. Il mourra deux ans plus tard, en 1997.
Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme a choisi de présenter cette exposition en écho à l’anniversaire de la libération de l’Europe du joug nazi.
Commissariat
Nicolas Feuillie, historien de l'art, responsable de la collection photo, Dorota Sniezek-Feijoo, conservation, mahJ
Agence photographique Voller Ernst