Sigmund Freud, 1936, Allemagne
photo Max Halberstadt © Musée Freud de Londres
À l’occasion de la parution de la nouvelle traduction de L’Interprétation du rêve de Sigmund Freud par Jean-Pierre Lefebvre, éditions du Seuil, 2010
Conversation entre Jean-Pierre Lefebvre, professeur à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, et traducteur et Philippe Petit, journaliste à Marianne et producteur à France Culture
L’interprétation du rêve de Sigmund Freud, parue en 1900, est reconnue comme l’ouvrage fondateur de la psychanalyse. Par delà l’horizon médical et les bénéfices thérapeutiques de la cure analytique, il a révolutionné la conception générale du psychisme et la perception philosophique de l’existence humaine.Mais c’est aussi l’aventure audacieuse d’un intellectuel, le document d’une longue histoire personnelle qui commence dans le «Monde d’hier » décrit par Stefan Zweig, l’Autriche-Hongrie d’avant la première guerre mondiale, et s’achève quelques semaines après l’entrée meurtrière de l’Allemagne nazie dans les terres polonaises, en septembre 1939. Freud a vécu la mutation de l’antisémitisme dit « traditionnel » de la fin du XIXe siècle (dont il fut une sorte de victime professionnelle) vers la forme radicale de l’extermination systématique des Juifs d’Europe. Ses livres furent brûlés avec ceux de Heine dans les autodafés nazis des années 1930. Freud dut s’exiler en Angleterre en 1938.