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David Grossman
© Kobi Kalmanovit
À l’occasion de la publication de son roman Un cheval entre dans un bar, traduit de l’hébreu par Nicolas Weill (Seuil, 2015)
En conversation avec Émilie Grangeray, journaliste au Monde Lectures par Gilles Gaston-Dreyfus
À quel jeu se livre Dovale G., cet humoriste déroutant, qui distille des plaisanteries salaces au public de son one man show à Netanya, et qui l’interpelle, le martyrise, le flatte, le divise ? Au moment où progressivement son discours se délite, Dovale se met à nu et livre la déchirure de son existence : une perte terrible subie dans l’adolescence. La scène devient alors le théâtre de la vraie vie et de la violence. Le récit évolue sur une frontière mouvante entre une réalité actuelle dominée par le ricanement vulgaire, où l’expression de sentiments douloureux est de plus en plus difficile, et le deuil.
Extrait d’Un cheval entre dans un bar, pages 177-178
« Dovalé nous fixe d’un air interrogateur. Il contracte fortement les commissures des lèvres et essaie de nous contraindre à sourire avec lui. Mais personne dans la salle n’a le cœur à cela. Il écarquille encore plus les yeux et bat des cils à toute allure. Maintenant il présente au public une face de clown intégrale. Il secoue sa tête à plusieurs reprises et demande par un mouvement muet des lèvres : C’est pas drôle ? Vraiment pas ? Si ? Je vous fais plus rire ? Ça marche plus ? La tête inclinée sur sa poitrine, Dovalé soliloque en silence, en agitant les bras et en exagérant ses mimiques. Puis il se pétrifie, ne bouge plus. »
« L’écrivain israélien signe un déchirant roman du deuil et de l’inconsolable. »
Raphaelle Leyris, Le Monde des Livres, 21 aout 2015
David Grossman, né à Jérusalem en 1954, est l’auteur d’essais engagés, qui ont ébranlé l’opinion israélienne et internationale, et de onze romans abondamment primés, dont Une femme fuyant l’annonce, prix Médicis étranger en 2011.
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