Maquette de la synagogue de Zabłudów (Pologne), ateliers de l’école de l’ORT à Alger, 1948-1952
Maquette de la synagogue de Zabłudów (Pologne)
Alger, atelier de menuiserie de l’école de l’Organisation reconstruction travail (ORT), 1951-1953
Chêne ciré et peint, verre, 32 x 52 x 45,5 cm
Fonds du musée d’Art juif, don de l’ORT en 1953
Des juifs sont établis dès la fin du XVe siècle à Zabłudów, petite ville proche de Białystok en Pologne, autrefois en Lituanie. Réputée pour son école talmudique (yeshivah), la communauté juive y est prospère, atteignant près de 70 % de la population à la fin du XIXe siècle, avant de décroître très fortement à la suite d’une émigration massive.
Cette synagogue en bois – une des plus belles de la région – a été édifiée vers 1640 et agrandie en 1765, avant de subir quelques modifications en 1895 et 1923. Elle a été incendiée par la Wehrmacht en juin 1941, dès son entrée dans la ville, tandis que les derniers juifs étaient assassinés entre novembre 1942 et août 1943.
Alors que les synagogues des grandes villes d’Europe orientale étaient généralement bâties en pierres ou en briques, celles des bourgades rurales (shtetl) étaient intégralement construites en bois, avec des toitures étagées en pagode et, autour du corps principal, des pavillons d’un étage bordés de galeries, formes inspirées par l’architecture locale. À l’intérieur, elles étaient entièrement couvertes de lambris peints. Leur arche sainte et leur almemor – nom donné chez les ashkénazes à l’estrade de lecture de la Torah –, étaient souvent particulièrement monumentaux, celui de la synagogue de Zabłudów ayant aussi fait l’objet d’une maquette.
Cette synagogue fait partie d’un ensemble d’une quinzaine de maquettes de synagogues d’Europe orientale réalisées entre 1948 et 1958 pour le musée d’Art juif de Paris, rue des Saules – premier musée juif créé au même moment à Paris, sous l’égide de l’ORT, par des rescapés de la Shoah – auquel le mahJ a succédé. Ces modèles réduits en bois, d’une grande précision, ont été réalisés, comme les vitrines du musée et plusieurs décors peints, par des élèves de différentes écoles du réseau de l’ORT (Organisation reconstruction travail). Toujours active aujourd’hui, l'ORT est une œuvre philanthropique fondée en 1880 à Saint-Pétersbourg pour sortir les juifs de la misère par l’apprentissage des métiers manuels, implantée en France en 1921, puis en Afrique du nord à partir de 1947. Derrière cette commande exceptionnelle, figurait un homme, Léon Frenkiel, à la fois le directeur de l’enseignement technique de l’ORT France et l’un des principaux fondateurs du musée. Il avait rassemblé avant la guerre, alors qu’il était en poste à Vilna, une importante documentation sur les synagogues et les cimetières d’Europe orientale, et fournit tous les plans et photographies nécessaires. Alors que les premières maquettes sont confiées aux sections menuiserie des écoles françaises de l’ORT, principalement celle de Montreuil, Frenkiel s’adresse à partir de 1951 aux établissements nouvellement créés d’Alger, puis entre 1956 et 1958, à ceux de Casablanca et Tunis qui fourniront les deux dernières.
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