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Stèle funéraire

Paris, 1281

Calcaire, 113 x 55,5 x 10 cm

Dépôt du musée de Cluny ‒ musée national du Moyen Âge, Paris

Image
Oeuvre clé : Stèle funéraire, 1281
Légende

Stèle funéraire, Paris, 1281

En 1849, des travaux de terrassement dans les caves de la libraire Hachette, rue Pierre-Sarrazin à Paris, mirent au jour plus de soixante-dix fragments de stèles funéraires gravées d’inscriptions hébraïques des XIIe et XIIIe siècles, celles remontant à 1139 et 1140 étant les plus anciennes retrouvées en France si l’on excepte la stèle d’Auch (Ve-VIIe siècle) et celle de Narbonne (datée des années 688-689).

Cet ensemble déposé dès 1854 au musée de Cluny provient de l’un des deux cimetières juifs parisiens attestés sur la rive gauche au Moyen Âge. Fermé en 1306, à la suite de l’expulsion des juifs du royaume de France, il fut donné par Philippe le Bel aux dominicaines de Poissy. Une partie des monuments fut remployée dans des bâtiments alentours, mais beaucoup de fragments restèrent sur place, cas exceptionnel en France.

Dépourvue de tout décor selon l’usage du temps, mais gravée en hébreu avec une calligraphie très régulière, cette stèle est la seule qui nous soit parvenue parfaitement intacte.

« Ceci est la stèle funéraire de

Notre maître le rabbin

Salomon, fils de notre maître

Le rabbin Juda

Qui s’en fut au jardin d’Éden

Le jour du shabbat de la péricope Qorah

L’an 5 mille 41

Du comput, que son souvenir [subsiste] dans le monde à venir

Q[ue son âme soit] R[éunie au] F[aisceau des] V[ivants] »

Si l’identité de cet homme mort en 1281 n’est pas autrement connue, son titre le désigne comme l’un des chefs spirituels de la communauté juive parisienne de la seconde moitié du XIIIe siècle, période marquée par le souvenir de la controverse sur le Talmud de 1240 et l’aggravation continue des législations canonique et royale contre les juifs.

La stèle est datée selon le calendrier hébraïque à partir de la date présumée de la Création du monde, le jour de la mort étant indiqué par rapport à la section hebdomadaire de la Torah lue à la synagogue (Nombres, 16-18). Elle se termine, comme la plupart des épitaphes jusqu’à aujourd’hui, par un verset biblique évoquant la résurrection de l’âme du défunt (Samuel, 25, 29), presque toujours mentionné sous forme abrégée.

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