Stèle, Auch, Ve-VIIe siècle, calcaire gravé, 19 x 23 x 10 cm
Dépôt permanent du Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye
Auch, Ve-VIIe siècle
Calcaire gravé, 19 x 23 x 10 cm
Dépôt du musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye
Stèle, Auch, Ve-VIIe siècle, calcaire gravé, 19 x 23 x 10 cm
Dépôt permanent du Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye
Acquise en 1873 par le musée d’Archéologie nationale, cette petite stèle a été découverte au milieu du XIXe siècle sur le site de Saint-Orens à Auch (Gers). Elle porte une inscription gravée sur six lignes, rédigée en latin - avec l’emploi de quelques lettres grecques –, à l’exception de la dernière qui apparaît en caractères hébraïques.
« IN DEI NOMINE S[an]CT[o].
PELE[?]ER QUI [h]IC BENNID
D[eu]S ESTO CUM IPSOS OCOLI
INVIDIOSI CREPEN[t]. DED[i]T
DONUM IONA FECET
שלם »
Le mot en hébreu, shalom, « paix », ainsi que les trois motifs l’accompagnant, un shofar – instrument à vent taillé dans une corne d’un bélier – une menorah – chandelier à sept branches du sanctuaire du désert puis du Temple de Jérusalem – et un loulav – palme utilisée lors de la fête des Cabanes ou Soukkot –, signalent de manière certaine un contexte juif. En revanche le sens de cette stèle a fait l’objet de débats jusqu’à nos jours selon l’interprétation de la deuxième ligne.
« Au saint Nom de Dieu
1) Le pavage qui [est] ici, Bennid ou 2) Peleger qui [gît] ici, le fils de Nid
– Dieu soit avec lui et que les yeux
envieux crèvent – 1) l’a offert ou 2) par la grâce
1) en don ou 2) de Dieu, Jonas l’a confectionné
Paix »
Dans la première hypothèse, il s’agirait de la dédicace du pavage (pelester) d’une synagogue, offert par un certain Bennid, dans la seconde, de la stèle funéraire d’un nommé Peleger, « fils de Nid », l’usage de l’hébreu en place de « filius Nidi » confirmant sa judéité. Peleger – pour certains l’équivalent de Gerson – serait un nom grec, langue rare à l’époque carolingienne en dehors des communautés juives entretenant d’importants liens commerciaux avec l’Empire byzantin hellénophone. Cette épitaphe se rapprocherait de nombreux exemples italiens de l’Antiquité tardive, en latin ou en grec, sur lesquels on retrouve à la fois le mot shalom en hébreu et quelques symboles juifs comme le shofar, la menorah et le loulav, palme utilisée lors de la fête des Cabanes.
Dans les deux cas, la stèle est l’œuvre d’un certain Jonas, nom typiquement juif. Quant à l’imprécation contre le mauvais œil, fréquente dans la culture populaire juive, elle dérive de plusieurs versets bibliques (Job, 12, 20, Proverbes, 30, 17...) et est reprise dans le Talmud (Berakhot, 20a).
Quelle que soit sa fonction, cette stèle constitue surtout un des très rares témoignages archéologiques – avec une stèle funéraire du VIIe siècle trouvée à Narbonne – de la continuité d’une présence juive en France méridionale de l’Antiquité au premier Moyen Âge. Si l’emploi d’une langue non juive, le latin ou le grec, la norme épigraphique de l’époque, est le signe d’une parfaite intégration, il rend particulièrement difficile leur identification. Il faudra ensuite attendre le XIIe siècle pour voir apparaître des inscriptions en hébreu, principalement funéraires.
Tim (Louis Mittelberg, dit, Varsovie, 1919 – Paris 2002)
Paris, 2003
Christian Boltanski (Paris, né en 1944)
Paris, 1998
Joseph Budko (Plonsk, 1888 – Jérusalem, 1940)
Berlin, 1923