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Marc Crépon

Rencontre enregistrée à l’occasion de la parution de La Vocation de l’écriture. La littérature et la philosophie à l’épreuve de la violence (Odile Jacob, 2014) de Marc Crépon, en conversation avec Jean-Marie Durand, journaliste aux Inrockuptibles

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« Comment séparer d’une ligne de fracture irréversible la philosophie de la littérature lorsque la langue explore une même matière, comme ce qui du fond des consciences a trait au mal, à la peine, à la violence constitutive des êtres ? Ce mystère de la violence s’éclaire pour le philosophe Marc Crépon dans un geste compréhensif, consistant à saisir ce qui la conditionne et les formes qu’elle prend à travers l’histoire, à la fois de la pensée, du roman et des sociétés humaines. Rien, surtout pas la violence, n’est réductible aux concepts de la philosophie, qui a tout à apprendre des romanciers lorsqu’ils se confrontent aux vices humains, aux hommes déshumanisés. Dans un ouvrage important paru en 2012, Le Consentement meurtrier, Marc Crépon nourrissait sa réflexion philosophique par des références littéraires (Zweig, Grossman, Kraus, Ôé…), afin d’interroger les racines de la violence, de questionner la perversion du lien entre l’éthique et l’action politique, et de démontrer en même temps les dégagements possibles face à la violence, comme la révolte, la bonté, la honte ou la critique. Dans son essai, La Vocation de l’écriture, la littérature et la philosophie à l’épreuve de la violence, Marc Crépon prolonge ce geste réflexif, méthodique, créatif, en posant comme fondement de sa réflexion le fait que l’origine de toute violence s’ancre d’abord dans la langue et l’usage que l’on en fait. Si dire, c’est faire, parler, c’est aussi défaire : défaire le bien, tout autant que se défaire du mal, en le dépassant dans l’acte d’écriture.

(...) Explorant avec une précision du regard et une compréhension sensible de leurs enjeux et de leurs jeux d’écriture, les œuvres de Kafka, Celan, Derrida, Lévinas, Klemperer, Singer, Sartre, Sebald, Harendt, Merleau-Ponty ou Kertész, Marc Crépon interroge autant de confrontations possibles avec la violence, de façons de la vivre et de la penser, d’en garder la mémoire et d’en porter le témoignage.

(...) Ce que Crépon rappelle au cœur de sa constellation impressionnante de romanciers et philosophes, c’est que les pouvoirs les plus absolus ne parviennent jamais absolument à barrer “les voies détournées d’une contre-parole, le chemin périlleux d’une expérience du langage, résistante et alternative que quelques-uns auront continuité d’emprunter ». Jean-Marie Durand Les Inrockuptibles, avril 2014

Marc Crépon dirige depuis 2011 le département de philosophie de l’École normale supérieure. Il est l'auteur d'une dizaine d’ouvrages, dont La Culture de la peur (Galilée, 2 vols., 2008 et 2010) et Le Consentement meurtrier (Cerf, 2012). Il travaille sur les questions de guerre et de violence.