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Poupées pour la fête des sorts (Pourim)

Michel Nedjar (né en 1947 à Soisy-sous-Montmorency)

Paris, 2005

Installation contemporaine composée de 30 poupées de 40 cm en moyenne

Tissu, boutons, carton, papier d’argent, ficelle

mahJ, don de l’artiste

Image
Poupees-pour-la-fete-des-sorts.jpg

Michel Nedjar (né en 1947, Soisy-sous-Montmorency), Poupées Pourim, Paris,  2005

Don de Michel Nedjar

La fête des Sorts (Pourim) commémore la délivrance du peuple juif d’un complot visant son extermination. Cet épisode mythique censé se dérouler dans l’antique Suse, au Ve siècle avant notre ère, est rapporté dans le livre d’Esther, lu à cette occasion à la synagogue dans un rouleau, la megillat Ester. Occasion de réjouissances, la fête s’accompagne d’un véritable carnaval et donne lieu à des représentations théâtrales du récit biblique dans lesquelles les personnages sont joués par des acteurs ou des marionnettes. Confectionnées à partir d’objets et de tissus de récupération, ces trente poupées composent une procession de carnaval, où l’on retrouve tous les protagonistes de l’histoire : la reine Esther, son oncle Mardochée, le roi Assuérus, le méchant vizir Haman. À ces quelques personnages bibliques, l’artiste ajoute toute une cour d’opérette avec des poupées aux noms aussi inattendus que Mariée polonaise, Reine de la nuit, Pétard chinois, Zapato, Esprit de la forêt ou Titi… faisant échos à son histoire personnelle. Michel Nedjar est issu d’une famille juive algérienne établie à Paris. Son père est maître-tailleur, et lui-même a appris le métier comme apprenti dans un atelier. Mais c’est en accompagnant sa grand-mère, chiffonnière aux puces, que se développe son intérêt pour le shmattès – terme yiddish désignant un tissu usé – qui sera au centre de sa pratique artistique. Après avoir vendu des vêtements aux puces et beaucoup voyagé, il aborde l’art en autodidacte. Il commence à confectionner ses premières poupées en 1976, avec des chiffons qu’il assemble avec de la terre, de la boue et du sang. Ses influences sont multiples. Michel Nedjar se dit marqué par les images du film Nuit et Brouillard d’Alain Resnais, mais aussi par ses voyages en Amérique du Sud et par les rites « primitifs ». La mort est ainsi omniprésente dans des œuvres au travers desquelles Nedjar semble exorciser ses démons. Ses premières poupées qu’il enterre, puis déterre, opèrent comme des rituels de renaissance. Il a d’ailleurs souvent expliqué que ses poupées l’ont « sauvé ». Proche des artistes de l’art brut, il participe à la création du groupe de l’Aracine qui constitue à partir du début des années 1980 une des plus importantes collections d’art brut en France qui rejoindra les collections du musée de Villeneuve-d’Ascq (LaM). Son travail plastique est rapidement repéré et il participe à l’exposition « Les singuliers de l’art » au musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1978. Jean Dubuffet lui achète alors un ensemble de poupées pour sa collection au musée d’Art brut de Lausanne, tout comme le marchand et collectionneur Daniel Cordier. En 2005, le mahJ lui commande cette installation, intitulée « Poupées Pourim », qui inaugure une nouvelle phase dans son travail. De l’histoire d’Esther, Nedjar retient la dimension de fragilité, d’invention, de rire et de transgression. Façonnées à partir d’objets brisés, de tissus de récupération, de boutons, de bouts de ficelle, de carton et de papier d’argent, assemblés par de délicates coutures, ses poupées disent l’instabilité de la condition juive, la brisure, l’éclatement de l’exil. L’importante donation de l’artiste au mahJ et l’exposition « Michel Nedjar. Présences » en 2014 est l’aboutissement de plusieurs années d’échanges débutés à l’occasion du colloque « Schmattès » organisé au mahJ en 2004. Pour aller plus loin, visionnez le film réalisé par Isabelle Filleul de Brohy et produit par la fondation Pro mahJ. 

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