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Panier et nécessaire pour le bain rituel (miqveh) et le hammam

Oran, début du XXe siècle

Osier, coton, dentelle, cuir, métal, 32 × 46 × 32 cm

Don d’Henriette Azen, en mémoire de sa mère, Reine Teboul Bibas, descendante de dix-sept générations de dayyanim

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Panier et nécessaire pour le bain rituel (miqveh) et le hammam, Oran, début du XXe siècle

Le bain rituel (miqveh ou « amas d’eau ») est une institution essentielle de la vie communautaire, la halakhah – ensemble des lois régissant la vie religieuse juive – jugeant sa création prioritaire à celle d’une synagogue. Mentionné dans le Pentateuque comme le seul moyen de purification des objets et des personnes, sa construction répond à des règles très précises en matière de volume, d’origine des eaux et de matériaux. La purification rituelle exige une immersion complète. Le bain doit donc contenir au minimum quarante séah (environ 760 litres) d’« eaux vives », rassemblées sans intervention humaine (source, mer ou cours d’eau, eau de pluie). N’ayant rien à voir avec un acte d’hygiène, et donc toujours précédée d’une toilette, l’immersion dans un bain rituel fait partie des commandements incombant aux femmes mariées, chaque mois, après leurs règles, après une première purification juste avant le mariage. Elle est également imposée au prosélyte, en signe de renaissance, et pratiquée par certains hommes pieux avant le shabbat ou le Grand Pardon (Kippour). Elle s’accompagne parfois de coutumes particulières.

Dans les communautés méditerranéennes, comme c’était d’usage chez les juifs d’Algérie, la visite de la future mariée au miqveh, avant la cérémonie du mariage, était une célébration publique. La fiancée y était accompagnée par sa future belle-mère, les femmes de la famille et les amies. Les femmes mariées lui indiquaient le comportement exigé d’elle dans son futur ménage. C’était également l’occasion pour la jeune femme de présenter le trousseau à sa future belle-mère : vêtements, linge de maison brodé de ses mains, objets nécessaires au bain rituel ou au hammam comme les serviettes brodées, une boîte à savons et à parfums, une tassa (récipient servant à s’asperger) et des accessoires en cuivre (plateaux, pilons). L’immersion était suivie de l’application du henné, coutume locale également pratiquée par les musulmans. La cérémonie se clôturait par la dégustation de pâtisseries dont la douceur devait formuler un heureux présage quant à l’avenir du mariage.

Cette célébration publique, un temps abandonnée, tend à être reprise aujourd’hui en France chez des descendantes de juifs d’Afrique du Nord, sous une forme modernisée, comme rite de passage et de convivialité féminine.

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