Memorial pour ceux qui moururent à Transnistria
SALZMANN, Laurence
(
Philadelphie, Etats-Unis, 1944
)
Transnistria, Siret, Roumanie,
1974-1976
Inv.
PH/0006.001Photographie
Photographie d'archives
© Laurence Salzmann
Dimensions :
H. 27,5 - L. 35 cmÉpreuve au gélatino-bromure d'argent
mahJ
Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.
Historique
Rădăuţi est une petite ville de Bucovine, une région du Nord de la Roumanie, près de la frontière ukrainienne.La présence d’une communauté juive, originaire de Bohême, de Galicie et de Russie, remonte à la fin du XVIIIe siècle. La première synagogue ouvre en 1830. La population croît rapidement et, en 1880, elle approche les 3 000 personnes. Le commerce constitue la principale activité économique, avec en particulier le négoce de la fourrure, du bois et du bétail. Alors que la région appartient à l’empire austro-hongrois, le traité de Versailles, qui marque la fin de la guerre 1914-1918, l’intègre à la Roumanie. La ville vit au rythme des courants qui animent les communautés juives d’Europe de l’Est : le hassidisme, attaché au respect des traditions religieuses, s’y oppose à des mouvements sionistes qui prônent, à la suite de Herzl, la fondation d’un État juif. En 1930, avec près de 6 000 personnes, la communauté juive représente près de 30% de la population de la ville.
En 1941, la majeure partie des juifs sont déportés vers les camps de concentration. Dans l’immédiat après-guerre, les survivants tentent de revenir à Rădăuţi, mais l’instauration du régime communiste impose des conditions de vie difficiles. Aussi, après 1948, beaucoup choisissent d’émigrer en Israël, ou vers un autre pays. Quand Salzmann choisit de s’intéresser à Rădăuţi en 1974, la population juive ne compte plus que deux cent trente âmes.
Laurence Salzmann est originaire de Philadelphie, aux Etats-Unis, où son père est arrivé jeune homme avec sa famille après avoir fui l’Ukraine. Les parents de Laurence parlaient occasionnellement le yiddish et n’étaient pas très pratiquants.
Il commence à faire de la photographie à l’âge de treize ans, une pratique qu’il n’a jamais abandonné, bien qu’ayant étudié l’anthropologie à l’université. C’est cette approche humaine qui guide son activité de photographe.
Grâce à une bourse qui récompense ses travaux, il se rend en Roumanie en 1974. Au cours de son voyage, il s’arrête à Rădăuţi et découvre la présence d’une communauté juive ; il décide alors de faire un long reportage sur cette population dont il apprécie immédiatement l’accueil et la chaleur. Il revient avec sa femme Ayse et participe à la vie communautaire pendant deux ans. Il a ainsi l’occasion de nouer des liens avec quelques-unes des personnalités locales, comme Josif Tirnauer, le seul rabbin encore présent dans la ville, Jacob Kamiel, le président de la communauté, Josif Gottlieb, le chef comptable, ou Jacob Malik, responsable des approvisionnements ; il s’intéresse à la vie de chaque personne à qui il rend visite et dont il fait le portrait.
« Prendre des photos devenait souvent un acte de sociabilité. Il ne s’agissait pas simplement de venir et d’appuyer sur le déclencheur. Il devait y avoir une grande conversation, on prenait le café et souvent, la photo que j’étais venu prendre n’était pas prise. Elle attendait jusqu’à la prochaine fois. »