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Plastron

Inv.
2022.13.003.2
Costume
Plastron
Ktef / Punta
Dimensions :
H. 35.5 - La. 27.5 cm
Soie, coton, carton, fils d'or
mahJ,
don de M. Jacques Feldstein en mémoire de la famille Abitbol-Benattar

Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.

Contexte d'utilisation
Fête familiale/ Mariage
Historique
Ce plastron fait partie d’un costume d’apparat, appelé « Grande robe », Berberisca ou encore Kswa-el-kbira, porté par les femmes juives du nord du Maroc, d’origine espagnole.
Ce plastron est orné de broderies de fils d'or sur carton, une branche d'artisanat très répandue dans la communauté juive au Maroc, essentiellement à Fès.
Le mellah (quartier juif) de la ville était spécialisé dans la fabrication de fil d'or et il approvisionnait une grande partie de l’Afrique du Nord.
Le processus de fabrication comprenait différentes étapes, correspondant chacune à un métier spécifique. Ainsi l’achat de la matière première et la vente des produits finis incombaient aux patrons (ma’allemin sqalli) qui distribuaient le travail à des artisans et en supervisaient l’organisation. L’or, acheté sous différentes formes, était remis aux batteurs qui le transformaient en feuilles d’or ; un premier tréfilage permettait d’obtenir un filin de 7,5 mm de diamètre que l’on remettait à des tréfileurs spécialisés afin qu’ils le réduisent à un dixième de millimètre. Les patrons l’apportaient ensuite, enroulé sur des bobines, aux lamineurs qui le transformaient en lame. Parallèlement, ils confiaient la soie aux fileuses
afin qu’elles lui donnent la torsion nécessaire. Ce travail revenait aux femmes juives seules, en majorité des veuves de modeste condition. Les fabricants de fil d’or, à proprement parler, étaient des fileurs : leur travail consistait à enrouler la lame d’or autour de soie filée.
Cette technique de travail a subsisté jusqu’aux années 1920 puis, la fabrication industrielle, en provenance de France notamment, a inondé le marché. Le fil d’or était utilisé tant par la communauté musulmane que par la communauté juive.
Provenance
Ce plastron a été apportée du Maroc par la tante maternelle du donateur, Simone Abitbol, lorsqu’elle est venue s’installer en France en 1984. Elle la tenait de la famille de son mari Eli Lévi, originaire de Tétouan où vivait une grande communauté juive hispanophone.
Description
Plastron en soie bleue en forme d'écusson couvert de broderies de fils d'or sur carton représentant des motifs végétaux stylisés. Il est cousu sur un rectangle de coton blanc, caché sous le boléro lorsqu'il est porté.
Bibliographie
- J. Jouin, "Le costume de la femme israélite au Maroc", in Journal de la Société des Africanistes, VI (1936)
- La vie juive au Maroc, Paris, Stavit, 1986
- Esther Juhasz, The Jewish Wardrobe. From the Collection of The Israel Museum, Jerusalem 2012
- André Goldenberg, L’Art chez les Juifs du Maroc, Paris, Somogy, 2014
- M. Vicaire, R. Tourneau, "La fabrication du fil d'or à Fès", in Hespèris, t. 24, 1937