Et Dieu souffla dans ses narines le souffle de vie

Cette lithographie en couleurs fait partie de la suite des vingt-quatre planches illustrant " la Genèse de la création jusqu'au déluge " publiée par Pann ; celle-ci intitulée d'après Genèse II, 7 " Et il insuffla dans ses narines un souffle de vie... " forme une composition très marquée par la tension d'Adam vers Dieu sur fond de ciel intense. Lors d'un premier séjour à Jérusalem en 1913, Abel Pann enseigna à l'Ecole des Beaux-Arts de Bezalel ; cet ensemble d'illustrations fut suggéré à l'artiste par Boris Schatz, le directeur de l'école. Alors qu'il rentrait à Paris pour régler différents problèmes en 1914, il y resta contraint par le déclenchement de la première Guerre mondiale et ne retourna en Israël qu'en 1920.

Ses œuvres sont pour partie marquées par l'influence des symbolistes, dont il revendique l'inspiration mystique, et d'artistes français du tournant du siècle comme Puvis de Chavanne. On lui connaît par ailleurs une suite de dessins de 1916, inspirés par les pogroms en Russie, qu'il intitula " le Vase de larmes " plus proche de la veine d'un Steinlen ou de Toulouse-Lautrec qu'il évoque souvent.

Après un séjour américain, Pann rentra à Jérusalem, en 1920 ; son œuvre connut un revirement complet. S'éloignant de la tradition russe et de l'art français, il ancra résolument son inspiration dans les thèmes bibliques. A la suite des planches de la Genèse, Pann se lança dans le projet d'illustrer la Bible tout entière, entreprise qu'il ne mena jamais à son terme. Les motifs de son travail se rapportèrent alors à l'Orient ; voulant rompre avec l'identité juive diasporique, il abandonna le sens dramatique propre à la manière des artistes polonais du tournant du siècle et développa une approche documentaire, quasi-ethnographique, en s'inspirant des Bédouins et des populations indigènes pour représenter les héros de la Bible.