Chana Orloff
Le Retour, 1945. Bronze. Ateliers Chana Orloff. ADAGP, Paris, 2013
Chana Orloff
Le Retour, 1945. Bronze. Ateliers Chana Orloff. ADAGP, Paris, 2013
Chana Orloff est née en 1888 en Ukraine d’où sa famille, fuyant les pogroms, s’embarque en 1905 pour la Palestine. En 1910, couturière talentueuse, elle part pour Paris, afin de compléter sa formation.
Elle découvre son goût et son don pour le dessin et s’inscrit à l’école des Arts décoratifs, puis opte pour la sculpture qu’elle étudie à l’académie Vassilieff à Montparnasse où elle se lie avec Soutine, Modigliani, Zadkine, devenant une des figures incontournables de l’avant-garde artistique parisienne.
En 1942, les lois antijuives la rattrapent en pleine maturité de son art. Elle ne peut plus exposer ni vendre officiellement. Prévenue par le fondeur Alexis Rudier de l’imminence de la rafle du Vél d’hiv, elle s’enfuit, avec son fils Élie, en zone libre, à Grenoble, à Lyon puis passe clandestinement en Suisse. Elle s’installe à Genève où on lui prête un atelier.
Lorsqu’elle regagne Paris en 1945, sa maison a été pillée. Une centaine de sculptures ont été volées ou détruites. Elle ne restaurera pas ses sculptures mutilées, mais montrera ici et là, sur des socles, une tête privée de son corps, un buste fracassé. Elle se remet au travail.
Dessin préparatoire pour Le Retour
Crayon sur papier
Ateliers Chana Orloff. ADAGP, Paris, 2013
Le Retour marque un tournant dans son œuvre. Elle abandonne la forme lisse, les rondeurs, pour un modelé plus inquiet. Procédant par petites touches, elle laisse sur l’argile l’empreinte de ses mains, obligeant le regard à pénétrer cette matière devenue tourmentée, ingrate. De nombreux dessins préparatoires d’une grande intensité l’aident à se libérer de l’angoisse qui l’accable. Cependant, Chana Orloff attendra dix-sept ans, et une exposition à la galerie Katia Granoff en 1962, pour exposer Le Retour, comme une « simple » œuvre d’art. Jusque là, elle l’avait maintenue cachée sous un drap au fond de son atelier.
Présentée dans la salle Michel Kikoïne, au premier étage du Mahj, au sein d’un accrochage renouvelé des artistes de l’École de Paris, cette sculpture est entourée de douze dessins préparatoires.
Ces œuvres ont été prêtées par la famille de l’artiste.