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Affiche de l'exposition
©Mahj, DR

De Superman au Chat du Rabbin

Du 17 octobre 2007 au 27 janvier 2008

Cette exposition fut la première en France à mettre en évidence le rôle important de nombreux artistes et auteurs juifs dans la bande dessinée, à travers 230 œuvres ou documents (dessins originaux, planches imprimées et archives).

Elle évoque tout d’abord la période 1890-1930, durant laquelle les artistes juifs new-yorkais issus de familles immigrées témoignent, dans leurs comic strips publiés dans les journaux yiddish et anglophones, des défis qu’ils affrontent.

Vient ensuite l’ère des super-héros, liée au processus d’intégration de la seconde génération d’immigrés. 1938 voit naître Superman. Suivent Batman en 1939, et Captain America en 1940. S’ils incarnent aussi des rêves liés à l’expérience et à la tradition juives, les premiers super-héros sont destinés à la nation américaine. Ils constituent une réponse rassurante et fantastique aux difficultés engendrées par la crise de 1929 et la montée des fascismes en Europe. Infatigables justiciers veillant à l’ordre du monde, ils défendent l’espèce humaine et les valeurs universelles du Bien et de la Justice. Ce n’est qu’après la Shoah que certains personnages seront dotés de signes spécifiquement juifs.

L’exposition a consacré une large part à l’un des pionniers du comic book et du roman graphique américain, Will Eisner. Cofondateur de l’atelier de production Eisner & Iger Studio (1936), où travailleront quelques-uns des plus grands dessinateurs, il publie, dès 1940, la célèbre série du Spirit. Son premier roman graphique, A Contract with God (1978), sera suivi de A Life Force et de To the Heart of the Storm, œuvres mi-autobiographiques, mi-fictionnelles, qui nous offrent les exemples les plus construits de son travail mémoriel.

Dans les années 1950, certains artistes américains s’engagent dans la contestation politique (Harvey Kurtzman, fondateur du magazine MAD en 1952) ; d’autres, tels Bernard Krigstein et Al Feldstein, mettent en scène la confrontation silencieuse d’un rescapé des camps avec son bourreau (Master Race, 1955).

Dès 1972, Art Spiegelman entame le récit de la vie de son père, ancien déporté, qui aboutit à la publication de Maus en 1986. À sa suite, des auteurs reconstituent (Miriam Katin, Bernice Eisenstein, Martin Lemelman) ou imaginent (Joe Kubert) des destins personnels liés à la Shoah. Dans un autre registre, Ben Katchor propose une vision documentée et poétique de l’existence juive à New York, tandis que James Sturm met l’accent sur le processus et l’ambiguïté de l’intégration. À travers l’autobiographie émergent souvent des anti-héros en proie à la complexité de l’existence juive américaine (Jules Feiffer, Harvey Pekar, Aline Kominsky-Crumb, Diane Noomin).

En Europe, le récit graphique s’attache davantage à l’histoire qu’à l’autobiographie. Les auteurs mêlent éléments historiques et fiction pour évoquer des périodes peu connues de l’histoire juive. Bousculant les conventions du genre narratif sur le judaïsme, Hugo Pratt (Corto Maltese, Koïnsky) fait cohabiter ses souvenirs d’enfance avec sa passion pour la Kabbale et pour les aventuriers.

À partir des années 1990, Vittorio Giardino se penche sur le sort des juifs européens (Max Friedman, Jonas Fink). À la même époque, en Espagne, Jorge Zentner et Ruben Pellejero introduisent la figure du Golem dans le contexte de l’émigration juive en Argentine (Le Silence de Malka). En France, l’artiste Joann Sfar thématise l’histoire et la tradition juives dans Le Petit Monde du golem, Le Chat du rabbin, Pascin ou Klezmer.

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