Reuven Rubin, ou la naissance d’un art israélien
Conférence de Yigal Zalmona, conservateur en chef honoraire, musée d’Israël, Jérusalem
Dans le cadre du cycle Art et archéologie du judaïsme
Rubin Zelicovici est né en 1893 à Galaţi, en Roumanie, huitième enfant d’une fratrie de treize au sein d’une famille hassidique extrêmement modeste. En 1912, il émigre en Palestine, alors sous domination ottomane, afin d’intégrer l’école d’art Bezalel, créée six ans plus tôt à Jérusalem par Boris Schatz. Il étudie ensuite à Paris, retourne en Roumanie durant la Première Guerre mondiale puis séjourne deux ans aux États-Unis, où une première exposition lui est consacrée à New York en 1921. En 1923, il s’installe en Palestine, désormais sous mandat britannique, et devient l’une des figures de proue de l’art israélien naissant. Son œuvre s’inscrit dans l’histoire de la création d’une nouvelle culture nationale, qui façonne la figure d’un juif nouveau, à la masculinité sublimée. En opposition à la perception négative du corps masculin du juif diasporique, décrié comme défectueux tant par les discours antisémites que par certains penseurs sionistes, Rubin dessine l’idéal d’une masculinité juive d’inspiration biblique, intégrée spirituellement et sensuellement à la terre d’Israël et à ses paysages.