Fonds du musée d'Art juif
Le musée d'Art juif a été créé en 1948 sous l'égide de l'ORT et a existé jusqu'en 1998, date de la création du mahJ. Le fonds du musée d'Art juif permet de retracer l'histoire de ce qui fut le premier musée d'art juif en France.
Le musée d’Art juif (MAJ) a été créé en 1948 sous l’égide de l’ORT, et particulièrement de Léon Frenkiel son directeur technique, grand amateur d’art juif. L’ORT, acronyme de l’Organisation reconstruction travail (russe : Общество Ремесленного Труда, Obchestvo Remeslenogo Truda, "Organisation pour les métiers de l'artisanat") est le nom donné à une œuvre philanthropique lancée en 1880 à Saint-Pétersbourg « pour le travail manuel, artisanal et agricole » des déshérités juifs, afin qu'ils échappent à la misère de la « zone de résidence » à laquelle ils étaient relégués.
Le musée fut hébergé dans un appartement de la rue des Saules appartenant à l’ORT, dans le dix-huitième arrondissement, qui devait être une adresse provisoire mais faute de moyen resta son adresse pendant les cinquante ans de l’histoire de ce musée. En 1998, le musée d’art et d’histoire du Judaïsme prit la suite dans l’hôtel Saint-Aignan.
1948 est une date relativement tardive dans l’histoire des musées juifs européens. Plusieurs personnalités ont appelé de leurs vœux, depuis la deuxième moitié du XIXè s., la création d’un musée juif mais celui-ci n’a pas vu le jour.
La première séance de « la Commission des Archives d’art populaire juif auprès de l’ORT » a lieu le 24 février 1948. Parmi les participants autour de Léon Frenkiel, plusieurs membres de l’ORT, dont Léon Meiss, qui sera le président du MAJ ; hors de l’ORT, Marie Chabchay, qui en sera la directrice de 1948 à 1975, les artistes Mané-Katz, Borvine Frenkel, Léon Indenbaum, et le critique Chil Aronson. Ainsi que l’indique le compte-rendu, l’objectif énoncé par Frenkiel est de « réunir de tels documents dans des archives (…) après la disparition complète des chefs-d’œuvres de l’art populaire juif en Pologne ainsi que dans les autres pays d’Europe orientale ».
Le musée est inauguré le 9 mai 1949. Les statuts de l’association qui abrite le musée sont rédigés en août 1950. Son but est d’organiser « la gestion et le développement du musée, de faire connaître au public l’art juif, de recueillir des objets, de créer une bibliothèque, d’organiser des expositions, de faire des conférences, d’établir des archives, d’éditer, de diffuser des catalogues et des livres, d’ouvrir une section de musique ». C’est en novembre 1950 que le musée prend le nom de musée d’Art juif. Le noyau de la collection est formé par la collection particulière de Léon Frenkiel, et de nombreux dons. En 1951, les maquettes de synagogue sont construites par des élèves de l’ORT à partir d’une commande de Léon Frenkiel, à partir de photos et de dessins qu’il a réalisé lui-même sur place avant-guerre. Durant les 50 ans de l’histoire du musée, 43 expositions seront réalisées. En marge de celles-ci, le musée organise des conférences et des visites scolaires, et participe à des expositions organisées par d’autres institutions via des prêts.Marie Chabchay part en 1975 à 80 ans, elle est remplacée par Sophie Rosenberg. Léon Meiss décède, il est remplacé par Claude-Gérard Marcus, qui sera à l’initiative de l’agrandissement du musée de la rue des Saules puis de l'attribution par la ville de Paris de l'hôtel de Saint-Aignan au mahJ.
Le fonds couvre essentiellement la période d’existence du Musée d’art juif : 1948-1998.
Concernant l’histoire du musée d’art juif, il permet de retracer
- L’intégration du MAJ au réseau des organisations juives après la guerre
- L'histoire des musées juifs européens et leurs relations
- L’origine partielle de la collection initiale à travers la correspondance des premières années et des listes d’œuvres
- Le fonctionnement du musée
- les expositions organisées par le MAJ
- l’histoire du prix Neuman
- les relations au public du musée, à travers les livres d’or
De manière plus large, ce fonds, et à travers lui l’histoire du musée d’art juif, croise les deux grandes questions de l’après Seconde Guerre mondiale pour les juifs de France, celle de la sauvegarde d’un monde disparu et celle de l’exil.