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L'histoire du musée

Héritier du musée d’Art juif de Paris, le projet du mahJ a été lancé en 1985, dans le sillage de l’exposition de la collection d’Isaac Strauss au Grand-Palais.

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Cour du mahJ

Le mahJ prend son essor en 1988 avec la création d’une association de préfiguration et ouvre en 1998 dans l’hôtel de Saint-Aignan restauré.

Les prémices

Le projet du mahJ, lancé en 1985 à l’initiative de Claude-Gérard Marcus, Victor Klagsbald et Alain Erlande-Brandenburg, et porté par la Ville de Paris et le ministère de la Culture, répondait à deux objectifs convergents : doter Paris d’un ambitieux musée consacré aux cultures du judaïsme – à l’instar d’institutions de référence à New York ou Amsterdam –, et présenter des collections nationales remisées, pour l’essentiel, dans les réserves du musée national du Moyen Âge depuis la Seconde Guerre mondiale (seuls certains objets médiévaux de la collection Strauss y étaient encore présentés après 1945).

En effet, bien que la France compte l’une des communautés juives les plus importantes après Israël et les États-Unis, seuls un modeste musée associatif – situé rue des Saules à Paris – le musée juif comtadin à Cavaillon et le musée judéo-alsacien à Bouxwiller étaient, jusque-là, en France, spécifiquement consacrés à ces cultures. Et si, au Louvre, une section du département des Antiquités orientales était alors dédiée aux arts de l’islam (elle deviendra un département de plein exercice en 2003), aucune n’est dévolue au judaïsme dans les musées nationaux.

Le choix de l’hôtel de Saint-Aignan

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L'hôtel de Saint-Aignan en 1992

L'hôtel de Saint-Aignan en 1992

Conduit par Laurence Sigal à partir de 1988, avec le soutien de la direction des Musées de France au ministère de la Culture, et de la direction des Affaires culturelles de la Ville de Paris, le projet aboutit, dix ans plus tard, à l’ouverture du mahJ dans l’hôtel de Saint-Aignan.

Palais aristocratique édifié de 1644 à 1650 pour Claude de Mesmes, comte d’Avaux, par l’architecte Pierre Le Muet (1591-1669), l’hôtel est installé au nord du Paris médiéval, sur une parcelle au dessin complexe limitée au sud par l’enceinte de Philippe Auguste. Le bâtiment, acquis par la ville en 1962 dans le cadre du plan de sauvegarde du Marais, a eu des destinations diverses avant que la ville ne décide de le mettre à la disposition du futur musée.

Un musée du judaïsme dans le Marais

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Libraire dans le Marais
Paris, début XXe siècle

Le choix du quartier n’est pas anodin : le Marais abrite, depuis la fin du XVIIIe siècle, en particulier autour de la rue des Rosiers, une importante population de juifs des régions rhénanes puis d’Europe centrale et orientale, durement affectée par la Shoah et pour partie revivifiée par l’arrivée des juifs du Maghreb après la décolonisation. L’hôtel de Saint-Aignan, surélevé, transformé et entresolé après la Révolution, a d’ailleurs abrité de nombreux ateliers de ces immigrés : chapeliers, casquettiers, fourreurs, tailleurs…

Aujourd’hui, le mahJ est situé au cœur d’un quartier profondément transformé, où les commerces traditionnels ont cédé la place à des boutiques de mode, mais riche de nombreux musées fédérés dans l’association Marais Culture Plus (Musées de la Chasse et de la Nature, Carnavalet, Picasso, Cognacq-Jay, Maison européenne de la Photographie, Mémorial de la Shoah…) qui constitue un tissu culturel sans équivalent à Paris. Cet emplacement facilite un certain nombre de propositions autour de la visite du Pletzl (« petite place » en yiddish, terme désignant les alentours de la rue des Rosiers).

La restauration du monument historique

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Restauration de la façace de l'hôtel Saint-Aignan
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Sculpteur de pierre,
Restauration de l'hôtel Saint-Aignan
1991

La restauration du monument est confiée successivement à Maurice Berry, Jean-Pierre Jouve et Bernard Fonquernie, qui entreprennent la restauration de l’édifice et vont – dans une démarche relativement rare en France – jusqu’à détruire les surélévations, pour retrouver l’aile ouest livrée par Le Muet, reconstruire l’escalier d’honneur et recréer le bas-relief du blason du propriétaire suivant, Paul de Beauvillier, duc de Saint-Aignan.

Cette restitution du projet originel efface les vestiges de la présence des anciens habitants : suppression de l’entresolement des étages, de la segmentation en ateliers et appartements, gommage des enseignes peintes sur la façade, etc.


Les espaces

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Espace Amsterdam

À l’issue d’un concours d’architecture, Catherine Bizouard et Francois Pin ne cherchent pas à recréer dans les volumes intérieurs un décor aristocratique détruit (hormis dans la salle à manger du duc où subsistent des peintures murales de Vuibert, et dans la chambre du duc, où le lambris a été restitué), mais évoquent les pièces originelles par des murs de refend qui scandent le parcours permanent. Des salles d’exposition temporaire sont créées dans le nord de la parcelle ; elles déploient peu de grands volumes mais un linéaire important de cimaises, propice aux présentations d’œuvres graphiques de petit format et parfaitement adaptées à la photographie. Une médiathèque offrant 28 postes de travail est installée à mi-chemin du parcours permanent, tandis qu’un vaste auditorium (198 sièges) est créé en sous-sol, en excavant la cour d’honneur ; une belle cave de 150 m² le jouxte, faisant office de foyer et permettant également la présentation d’expositions-dossier.

Une librairie, proposant aujourd’hui plus de 5 000 titres, est installée à la sortie des salles d’expositions temporaires. Sous la cour et sous le corps de logis principal, outre l’auditorium, des réserves et des ateliers sont installés, ainsi que les indispensables espaces techniques d’un musée moderne : chauffage, climatisation, réserves. Les ateliers pédagogiques héritent de la cuisine du duc de Saint-Aignan donnant de plain-pied dans la cour d’honneur. Enfin, en 2008, l’aménagement des écuries a permis d’ajouter un bel espace de 120 m², particulièrement adapté aux réceptions, rencontres et accrochages contemporains.

Un outil pluridisciplinaire

Le musée, qui ouvre ainsi en 1998, est donc un édifice performant, doté d’espaces d’exposition, de pédagogie, de médiation, de recherche, etc. La qualité des lieux, associée au projet culturel de ses créateurs, en feront un lieu dynamique et novateur.

Histoire des collections

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Emmanuel Pottier, 71, rue du Temple, la cour, vers 1910

Emmanuel Pottier, 71, rue du Temple, la cour, vers 1910

Le fonds du mahJ a été constitué, à partir de 1988, en réunissant plusieurs ensembles exceptionnels : le fonds du musée d’Art juif de Paris, la collection d’Isaac Strauss, acquise à la mort du compositeur par la baronne Nathaniel de Rothschild et offerte en 1890 au musée de Cluny, un certain nombre de dépôts moins importants numériquement mais non moindres en qualité – musée national d’Art moderne, musée d’Orsay, musée du Louvre, musée de l’Homme, musée des Arts africains et océaniens, musée national de la Céramique, associations consistoriales de Paris et de la Moselle, Séminaire israélite de France, temple Buffault, musée historique Lorrain à Nancy, Fondation du judaïsme français, musée Carnavalet, musée d’Israël à Jérusalem – et de nombreuses acquisitions qui en font l’une des plus belles collections d’œuvres et d’objets sur le judaïsme à l’échelle internationale.

Cette collection est donc le fondement du projet du musée, où l’évocation de la présence juive en Europe et autour du Bassin méditerranéen s’appuie sur des œuvres et des objets authentiques, souvent d’une valeur insigne mais aussi parfois d’usage modeste, en préférant la présentation d’originaux aux fac-similés, aux reconstitutions ou aux dispositifs interactifs et multimédias.

 

Discours de Jacques Chirac lors de l'inauguration du mahJ le 30 novembre 1998 

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