Boris Taslitzky (Paris, 1911 - id., 2005), 111 dessins de Boris Taslitzky faits à Buchenwald, La Bibliothèque Française, Paris, 1945
Fils de réfugiés juifs russes, Boris Taslitzky naît à Paris en 1911. Son père est tué sur le front en 1915. Pupille de la nation, il est élevé par sa mère, couturière. Il choisit de devenir artiste et entre aux Beaux-Arts dès 1928.
Très rapidement, il ressent le besoin de mettre son art au service de ses idées et adhère en 1933 à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires puis, deux ans plus tard, au Parti communiste.
Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier. Il s’évade et entre dans la clandestinité. Arrêté en novembre 1941, il est condamné pour propagande communiste et interné à la centrale de Riom, puis à la prison militaire de Mauzac d’où il est transféré au camp de Saint-Sulpice-la Pointe. Il y peint des fresques. En juillet 1944, il est remis aux Allemands et déporté à Buchenwald.
Soutenu par l’organisation clandestine qui lui fournit papier, crayon, et même lui restitue sa boîte d’aquarelles, il s’y donne pour mission de dessiner : « dessiner était un acte de résistance morale ».
Cent onze de ces dessins, réalisés au péril de sa vie, sur des fragments de circulaires nazies, sur des feuilles de papier Ingres dérobées, seront publiés par Louis Aragon dès 1946. Cette chronique « hallucinée » rassemble des scènes quotidiennes, une série de portraits extrêmement aboutis par lesquels l’artiste attestait de l’existence de ses modèles ainsi que des aquarelles du petit camp, cette géhenne dont l’artiste voulut rendre la réalité effroyable mais aussi la puissance visuelle.
« Buchenwald était un carnaval affreux, mais éclatant et discordant de couleurs. Un pullulement de contradictions où se heurtaient la barbarie et les techniques les plus modernes. »
Dès son retour en mai 1945, il tente d’exorciser ces visions dans d’immenses toiles : Le Petit Camp de Buchenwald, Le Wagon des déportés, avant de parvenir, en 1950, à évoquer, à travers un hommage à Danielle Casanova, le souvenir de sa mère déportée lors de la rafle du Vél d’Hiv et assassinée à Auschwitz.
Dans un constant dialogue avec ses maîtres : Delacroix, Géricault, Daumier, Courbet, dans une absolue fidélité à ses engagements politiques, Boris Taslitzky peindra jusqu’à la fin de sa vie des grands tableaux inspirés par les conflits de son temps et dominés par le combat de l’homme face à l’oppression. En 1971, il est nommé professeur à l’École des arts décoratifs. Pédagogue respecté, il y rétablit la pratique du dessin.
Il est mort le 9 décembre 2005.
« Si je vais en enfer, j’y ferai des croquis. D’ailleurs, j’ai l’expérience, j’y suis déjà allé et j’ai dessiné ! »
L’exposition propose une centaine de dessins de Buchenwald, dont un très exceptionnel ensemble provenant du Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne ainsi qu’un “dossier” sur La Mort de Danielle Casanova, présenté avec une sélection d’esquisses et de détails.
Le film de Christophe Cognet, L’Atelier de Boris, était présenté en permanence dans les salles d’exposition.