Vers les champs (détail),
Europe de l'Est, années vingt
automne 1928
©Union mondiale ORT
C’est dans les archives de l’ORT (Organisation, reconstruction, travail), institution internationale d’éducation et de formation née à la fin du XIXe siècle, que furent retrouvées 250 photographies sur plaques de verre, témoignant d’un épisode relativement peu connu de l’histoire contemporaine des communautés juives : la création et le développement de « colonies agricoles juives » par les nouvelles autorités soviétiques, au début des années vingt.
Implantées en Union soviétique, en Lituanie, en Lettonie, en Pologne et en Roumanie, ces colonies ont pour objectif de « normaliser » la vie juive dans le cadre d’activités professionnelles considérées comme productives et de parvenir ainsi à résoudre la « question juive ».
Les nouveaux agriculteurs bénéficient du soutien d’œuvres philanthropiques internationales, dont l’ORT. Mais, dès la fin des années vingt, Staline refuse tout statut particulier aux Juifs et entame une collectivisation forcée de l’agriculture et de l’industrie. L’ORT voit son action progressivement bridée, jusqu’à être interdite en 1938, tandis que l’Europe fait face à la montée du nazisme.
L’exposition, organisée par l’ORT France et le musée d’art et d’histoire du Judaïsme, a montré une soixantaine de photographies, témoins précieux et uniques de cette parenthèse historique où, parallèlement à l’idée sioniste, l’agriculture a pu représenter une solution au « problème juif », que le régime soviétique pense résoudre à la fin des années trente en créant une éphémère république autonome juive au Birobidjan, loin de Moscou.
Un catalogue trilingue de l'exposition (français-anglais-yiddish), préfacé par Serge Klarsfeld, avec un avant-propos d'Anne Grynberg, a été publié aux éditions Somogy.