Adolfo Kaminsky.
Changer la donne
Adolfo Kaminsky, autoportrait à l’âge de 19 ans, Paris, 1944
Adolfo Kaminsky. Faussaire et photographe
du jeudi 23 mai 2019 jusqu'au dimanche 6 juin 2020
Résistant dès l’adolescence et faussaire de génie, Adolfo Kaminsky (1925-2023) a consacré trente ans de son existence à produire des faux papiers.
Né à Buenos Aires en 1925, dans une famille juive originaire de Russie installée en France en 1932, il travaille comme apprenti teinturier dès l’âge de quinze ans et apprend les rudiments de la chimie.
Interné à Drancy en 1943 avec sa famille, il peut quitter le camp grâce à sa nationalité argentine.
Engagé dans la Résistance à dix-sept ans, il devient, grâce à ses compétences de chimiste, un expert dans la réalisation de faux papiers. Il travaille successivement pour la résistance juive – les Éclaireurs israélites, la Sixième et l’Organisation juive de combat – avant de collaborer avec les services secrets de l’armée française jusqu’en 1945.
Après la guerre, il fabrique des faux papiers pour la Haganah, facilitant l’émigration clandestine des rescapés vers la Palestine, puis pour le groupe Stern, qui s’oppose violemment au mandat britannique. Connu comme « le technicien », dans les années 1950 et 1960, il est le faussaire des réseaux de soutien aux indépendantistes algériens, aux révolutionnaires d’Amérique du Sud et aux mouvements de libération du Tiers-Monde, ainsi qu’aux opposants aux dictatures de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce.
Autant de combats auxquels il a apporté son concours, au péril de sa vie et au prix de nombreux sacrifices.
Resté fidèle à ses conceptions humanistes, il refusera toute collaboration avec les groupes violents qui émergent en Europe dans les années 1970. C’est pendant la Seconde Guerre mondiale qu’Adolfo Kaminsky découvre la photographie.
Après la Libération, il réalise des milliers de clichés, offrant un regard en clair-obscur sur le monde, où se pressent travailleurs, amoureux clandestins, brocanteurs, mannequins réels ou factices, poupées disloquées, ou barbus errants… Des puces de Saint-Ouen aux néons de Pigalle, il a capturé les regards, les silhouettes solitaires, les lumières, l’élégance et la marge, tout ce qui constitue son univers.
Dans le foyer de l’auditorium, le mahJ rend hommage à cette figure de la Résistance dont l’œuvre photographique remarquable est resté ignoré en raison de ses engagements et d’une existence pour partie clandestine.
Publication
Adolfo Kaminsky. Changer la donne
Éditions Cent Mille Milliards
D’une part le secret, la clandestinité, la vie risquée avec mort à la clé, la volonté de tromper l’ennemi, l’harassante falsification des identités, la fabrication des faux papiers, le triomphe de l’imitation indétectable… De l’autre, la photographie, la quête de l’instantané qui se confond avec la recherche de la vérité, celle d’un lieu, d’un visage, d’un paysage, ces clichés, éclairs d’un regard perspicace, pur et généreux, travail non plus de reproduction mais d’invention du réel.
30 €
Diaporama
Le libraire, Paris, 1948
Péniches sur la Seine, Paris, 1960
Quai de la Seine, Paris, 1960
Quai de la Seine, le lecteur, Paris,
1957
Péniches, Paris, 1960
Quais de la Seine, Paris, 1957
Religieuses, Paris, 1960
Marché aux puces, non daté
Marché aux puces, Clignancourt,
1955
Les puces, 1955
Marché aux puces, Clignancourt,
1955
Les puces, mannequins et
manège, 1955
Amoureux sur un banc, Paris,
1948
Le banc, Paris, 1948
Pigalle, Paris, 1952
Barbu devant le Rex, Paris, 1958
La pluie, la femme au parapluie,
Paris, 1949
Le rempailleur, 1954
Usine, Puteaux, 1951
Embarquement d’un migrant
vers Israël, port de Marseille,
1948
Départ de migrants vers Israël,
port de Marseille, 1948
Port de Marseille, 1953
Adrar, Algérie, 1977
Adrar, Algérie, 1976
Adrar, Algérie, 1976
The Forger
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