Vue d'une des pièces de l'hôtel particulier d' Adolphe Schloss (collectionneur) au 38, avenue Henri-Martin (Paris)
Paris, France,
Avant 1940
Inv.
PH/0575.008Photographie
photo © mahJ
Dimensions :
H. 17,4 - L. 12,4 cmÉpreuve au gélatino-bromure d'argent
mahJ,
don de Alain Vernay
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Historique
Grand amateur d'art reconnu dans le monde entier pendant l'entre deux guerres, Adolphe Schloss avait légué à sa femme une magnifique collection, constituée, pour la plus grande partie, de tableaux flamands et hollandais. Cette collection de 333 tableaux était mondialement connue pour son importance en raison du choix des maîtres qui la composaient et la qualité de ses tableaux. La collection Schloss, de l'avis même des meilleurs spécialistes, était la dernière des grandes collections d'art hollandais constituées en France au XIXème siècle.¼uvres des grands maîtres primitifs, tels que Petrus Christus ou Gossaert ; œuvres des maîtres néerlandais du XVIIème siècle : Bruegel de Velours, Brouwer, van Der Heyden, van Der Neer, Rembrandt ou Ruisdael ; œuvres de petits maîtres, mal représentés dans les collections françaises et pour la plupart très rares tels que Boursse, Brekelencamp, Molenaer, etc.
Après le décès de Lucie Schloss, la collection fut léguée en indivis à ses enfants qui la mirent en sûreté, dès 1939, au château de Chambon, à Laguenne, à 2 km environ de Tulle. Cette propriété était une dépendance de la Banque Jordan à qui la collection avait été confiée au début de la guerre.
Les services allemands la recherchèrent dès le début de leur activité en France, ayant reçu l'ordre de la retrouver par tous les moyens dont ils disposaient : services de police, indicateurs, etc.
Ils découvrirent tout d'abord l'adresse de refuge des héritiers Schloss. Deux d'entre eux furent arrêtés, le troisième, absent, ne put être rejoint.
Un liquidateur de la collection fut désigné par une décision allemande, jamais entérinée par le Directeur de l'aryanisation qui, estimant qu'il y avait voies de faits et pillages, refusa sa nomination. Il s'agissait de J.-F. Lefranc, l'un des indicateurs qui avait permis de retrouver la collection. Le 10 avril 1943, la collection fut découverte et dérobée par des hommes de main de la Gestapo française de la rue Lauriston, lesquels se firent passer pour des policiers. Parmi eux, cependant, se trouvaient quelques S.S. allemands qui se présentèrent avec des papiers français. Le convoi fut arrêté par la Gendarmerie française sur ordre du Préfet de la Corrèze, puis la collection fut transportée dans une caserne allemande à Tulle. Intervint alors Pierre Laval qui demanda au Général allemand commandant la zone sud que les œuvres soient retournées à Chambon. Ces peintures furent remises aux autorités françaises qui les entreposèrent dans les coffres de la Banque de France à Limoges.
En dernier étape, l'affaire ayant été confiée au ministre de l'Instruction publique chargé de la Culture, Abel Bonnard, ce dernier livrait la collection à l'occupant. La collection fut donc transportée à Paris, dans les caves de la Banque Dreyfus qui servait de dépôt au Commissariat aux Questions juives. C'est là que l'inventaire de la collection Schloss fut effectué entre le 13 et le 23 août 1943. Plusieurs représentants des différentes administrations étaient présents : la Délégation de la Direction des Services de Police de Sûreté de Paris, Jean-François Lefranc, administrateur expert, Postma, expert en tableaux flamands, René Huyghe, et Germain Bazin, conservateurs au Louvre, des huissiers, et des fonctionnaires des Sections d'enquêtes et de contrôle du Commissariat général aux Questions juives.
Le Louvre obtint de préempter 49 des 333 tableaux recensés, intervention dont le but était de mettre les œuvres à l'abri en vue d'une restitution ultérieure.
Sur les 284 tableaux choisis par les Allemands, 262, destinés au musée de Hitler, furent envoyées au Jeu de Paume. Rose Valland, présente à l'arrivée de cette collection, l'évoque à plusieurs reprises dans ses notes à Jacques Jaujard, son directeur.
La collection Schloss part pour Munich le 27 novembre 1943.
Il semble, cependant, que quelques tableaux aient fait surface après l'enlèvement des œuvres. L'examen attentif des registres, établis d'après la liste allemande, par la Maison Pusey, Beaumont, Crassier, déménageurs, a permis de constater qu'en effet, seules 230 œuvres ont été emballées dans 15 caisses, alors que 262 tableaux se trouvaient au Jeu de Paume le 2 novembre 1943, ce qui implique une différence de 32 peintures manquant à l'appel lors du départ des caisses à Munich. Il convient également de signaler que, sur les 170 œuvres non restituées, seules 123 sont consignées dans le registre Pusey.
Avant le dépôt au Louvre, vingt-deux autres tableaux ont été confiés à Lefranc qui les a revendus à un mystérieux personnage sous le nom de Buittenweg, prétendu marchand hollandais, qui par la suite, et malgré toutes les enquêtes de police, ne put jamais être identifié. Il semble qu'il se soit agit d'un nom imaginé pour cacher un bénéficiaire de cette attribution désireux de conserver l'anonymat, mais probablement d'origine allemande ou hollandaise.
[...]
Après la guerre, sur les 22 tableaux, 5 furent retrouvés en Allemagne. Deux autres peintures furent retrouvées dans la collection du Führer à Aussee.
Dès 1945, Le Louvre restitua les 49 tableaux préemptés.
Pour ce qui est des autres œuvres, la liste en parut dans le Répertoire des biens spoliés durant la guerre 1939 - 1945, vol. 2, Tableaux et tapisseries, publié en 1947 par le Bureau central des restitutions. Ce catalogue avait pour but de faciliter la recherche et l'identification des biens spoliés. Il ne fut donc pas conçu comme un catalogue de collectionneurs. Les photographies publiées étaient parfois très médiocres mais devaient permettre, mieux qu'une description, d'identifier les œuvres d'art qu'elles représentaient. Il fut diffusé largement en Europe et aux États-Unis et dans tous les pays alliés ou de l'Axe, aussi bien auprès des experts et marchands d'art que dans les musées.
Les recherches effectuées après la guerre montrèrent que les tableaux destinés à Hitler avaient été envoyés à Munich et certains déposés au Führerbau où ils disparurent. D'autres furent retrouvés dans d'autres parties de l'Allemagne.
Sur les 333 œuvres, 162 furent restituées, puis, en partie revendues par les héritiers Schloss dans les années 50.
D'autres ont été retrouvées (dans des ventes ou des musées) et restituées dans les années 1990 et 2000.
A l'heure actuelle, 166 œuvres n'ont pas été restituées mais certaines d'entre elles, reconnues dans des musées étrangers ou dans des ventes, font ou ont fait l'objet d'actions en justice ou de demandes de restitution par voie diplomatique.
cf : site internet du ministère des Affaires étrangères (https://pastel.diplomatie.gouv.fr/editorial/archives/dossiers/schloss/sommaire.html)
Description
Vue d'une partie d'une galerie aménagée de pièces de mobilier (bureau, console, paravent); sur le mur sont accrochés 10 tableaux de formats différents.Inscriptions
Au dos, en haut à gauche au crayon : "31"