Manteau

Ce manteau traditionnel, appelé zokha se caractérise par sa couleur, sa coupe, la matière et le décor. Il a été porté et conservé dans une famille juive originaire de Tétouan, arrivée en France dans les années 1970.
Cette pièce est extrêmement rare et ce pour plusieurs raisons. Contrairement aux costumes d’apparat de femmes, les tenues des hommes ne se transmettaient pas de génération en génération mais étaient portées jusqu’à l’usure.
De plus, dès la fin du 19e siècle, les Juifs de familles citadines aisées, prirent l’habitude de s’habiller à l’européenne ; ce phénomène fut renforcé, après 1912, lorsque le Maroc a été placé sous le protectorat français. La communauté juive jouait alors un important rôle d’intermédiaire entre la population locale et l’administration française, notamment grâce à sa connaissance de la langue française. (En effet dès octobre 1862 l’Alliance Israélite Universelle a créée une première école de langue française à Tétouan, et très vite, le réseau d’écoles francophones s’est développé dans le pays).
Ainsi, dès les années 1930, il était peu courant de voir ce type de manteau porté et la photographie faite en 1935 par Jean Besancenot est l’un des rares témoignages du port de ce manteau (voir base archives : PH 113.1231)
La tenue citadine traditionnelle était constituée d’une chemise à petit col, tsamir, porté à l’intérieur du pantalon large, serwal, serré sous le genou. Au-dessus de la chemise les hommes mettaient un long gilet, bediyya, fermé par une rangée de petits boutons et orné de soutaches ton sur ton et enfin, le manteau, sorte de longue blouse, zokha, en laine feutrée noire, orné de passementeries, de broderies de soutaches ton sur ton et de boutons de soie tressée. Ce manteau se portait ouvert devant et serré à la taille par une ceinture de soie rayée. Au Maroc, la couleur noire fut imposée aux Juifs par les autorités depuis le 13e siècle bien que plus tard, les rabbins, à l’occasion de Nouvel An et du Jour du Grand Pardon, Yom Kippour, portaient parfois une zokha blanche.