La Vie Juive
CAHUN, Léon
(
texte
)
LEVY, Alphonse
(
Marmoutier, 1843 - Alger, 1918
)
(
illustration
)
KAHN, Zadoc
(
préface
)
Éditeur :
Monnier, De Brunhoff et Cie, ParisCorbeil, Marne, France,
1886
Inv.
2017.13.001Livre imprimé
photo © mahJ / Christophe Fouin
Dimensions :
H. 32,5 - L. 24 - Ep. 3 cmImpression sur papier, volume relié
mahJ,
don de Edgardo Cozarinski
Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.
Historique
Alphonse Jacques Lévy (Marmoutiers, 1843 – Alger, 1918) est un peintre et dessinateur juif d’origine alsacienne, il est le fils d’un marchand de bétail qui quitte Marmoutiers après les émeues antisémites de 1848 pour s’installer à Strasbourg avec sa famille. Le jeune garçon est élève au Lycée Impérial de Strasbourg. A 17 ans, passionné par le dessin, il part pour Paris où il devient l’élève de Jean-Léon Gérôme et se lie d’amitié avec Carolus-Duran. Admirateur de Rembrandt mais aussi d’Honoré Daumier, Lévy est, dès l’âge de 22 ans, un dessinateur et caricaturiste recherché et publie ses dessins dans de nombreuses revues satiriques parisiennes (La Lune, La Rue, L'Éclipse, Le monde comique, Le Bouffon). Sous le pseudonyme de Saïd il publie des charges féroces hostiles notamment à Napoléon III. Artiste très engagé politiquement, il affiche son soutien à la Commune (1871), dont nombre de partisans seront déportés en Algérie par le gouvernement de la Troisième République. Son travail comme illustrateur a laissé de nombreux témoignages de son talent : Il illustre La « Passion d'Oberammergau » pour une nouvelle édition de l’ouvrage de Victor Tissot, Voyage au Pays des milliards en 1876). Au cours des années 1880, il revient progressivement aux thèmes juifs, illustrant notamment La Vie Juive de Léon Cahun (1886) puis les Contes juifs de Sacher Masoch (1888). Dès lors, il consacre une grande partie de son travail de peintre et de dessinateur à l’évocation du judaïsme alsacien. Participant régulier aux Salons des artistes, il est aussi très connu pour ses lithographies. Sa notoriété grandissant au fil de ses nombreuses expositions, le Musée du Luxembourg à Paris expose ses principales lithographies et il reçoit une mention lors de l’Exposition Universelle de 1900. Les principales lithographies, au nombre de 120, réalisées par Alphonse Lévy seront rassemblées et publiées par ses soins à Paris, chez Félix Juven en 1902 dans un recueil qu’il intitule Scènes familiales juives - une série qui fait écho à l’œuvre Bilder aus dem altjüdischen Familienleben du peintre allemand Moritz Daniel Oppenheim -, et pour laquelle Bernard Lazare rédigera une préface. Dans les années 1890, Levy découvre les juifs d’Afrique du Nord et plus particulièrement ceux d’Algérie. À Alger, à Constantine, le peintre témoigne de ce qu’il voit par des dessins, des peintures et parfois des récits parus dans la presse. A l’instar des peintres Édouard Moyse (Nancy 1827 – Paris, 1908) et Édouard Brandon (Paris, 1831-1897), Alphonse Lévy s’attache aux thèmes juifs. Une part de son œuvre témoigne de la lente disparition du judaïsme traditionnel dans la sphère française. Léon Cahun (Haguenau, 1841 Paris, 1900) est issu d’une famille juive alsacienne, c'est un orientaliste et érudit français, auteur de romans historiques et d’aventures. En tant que journaliste et homme politiquement engagé (il est républicain et se dit socialiste), il écrivit des articles dans Démocratie pacifique, Le Corsaire, La Liberté. Après la guerre franco-prussienne de 1870, dans laquelle il combat et le passage de l’Alsace et de la Lorraine sous la domination allemande, il soutient la politique coloniale de la France et s’éloigne de la France plusieurs années. Il poursuit sa carrière d’orientaliste, séjournant plusieurs années en Syrie avant de revenir enseigner à la Sorbonne et d’être nommé conservateur adjoint à la bibliothèque Mazarine. À partir de 1875, il écrit et publie plusieurs romans d’aventure et historiques basés sur ses voyage et explorations qui rencontrent du succès (Les Aventures du Capitaine Magon, La Bannière bleue). Il fut l’oncle de Marcel Schwob et le grand-oncle de la photographe Claude Cahun.
La Vie juive, publié chez Dentu en 1886, est un retour sur la vie quotidienne des juifs alsaciens, un mode d’existence qui lui semble désormais révolu. La rencontre de Léon Cahun avec Alphonse Lévy qui partage ses opinions politiques et son histoire culturelle et familiale crée une complicité solide en les deux hommes.
Enfin, un mot sur Charlotte de Rothschild (1825-1899). Elle était la fille de Betty et James de Rothschild. Mariée à son cousin anglais, Nathaniel de Rothschild (1812-1870) elle fut passionnée par les arts et surtout le dessin et la peinture. Elle fut l’élève du peintre allemand Moritz-Daniel Oppenheim (1800-1882) et de la peintre Nélie Jacquemart (1841–1912). Outre ses talents d’aquarelliste – ses œuvres ont été exposées au Salon et à la Société des Aquarellistes, elle fut une collectionneuse éclectique notamment de petits objets d’art et de bijoux. Elle acquit la collection d’Isaac Strauss à la mort de ce dernier et l’offrit au musée de Cluny en 1886.
La collection du mahJ compte déjà un exemplaire de cet ouvrage (mahJ 91.12.105). La dédicace à la baronne Nathaniel de Rothschild accroît son intérêt pour le musée dépositaire de la collection Strauss.
Description
Ce livre est en format A4. La couverture est en papier imprimé marron. Au centre on peut voir un rectangle (comme un cadre) avec des motifs orientaux (caractères arabes calligraphiés et hébreux) à l'intérieur; au dessus, il y a le titre du livre. En bas à gauche, on peut voir le dessin d'un tampon à la cire. L’ouvrage compte trente-sept croquis in texto et six illustrations en noir et blanc en pleine page (le barbier juif, le sacrificateur, le colporteur, l’homme au poisson, la distribution de la dîme, la néoménie).154 pages. Au dos, même système de présentation avec au centre du rectangle le dessin d'un blason avec des lettres majuscules entrelacées et la devise "Concordia per artes"Langue
Français/ hébreu/ arabeInscriptions
Dédicace à la 4ème page : « à Madame la Baronne Nathaniel de Rothschild. Hommage de ma profonde et inaltérable gratitude » ; signé « Alphonse Lévy ».Bibliographie
- "Juifs d’Algérie". Catalogue d’exposition, Mahj Flammarion, 2012- Emmanuel Haymann, "Alphonse Lévy : peintre de la vie juive". Strasbourg-Genève, Editions d’art Haymann, 1976.
- Norman L. Kleeblatt, "Illustrating Jewish Lifestyle on opposite Banks of the Rhine: Alphonse Lévy’s Alsatian Peasants and Moritz Daniel Oppenheim’s Frankfurt Burgers". Jérusalem, The Hebrew University, Center for Jewish Art, 1990/1991.
- Claude-Gérard Marcus, "Les peintres de la vie juive". Mémoire présenté le 16 juin 1958 pour l’obtention du diplôme de l’École du Louvre sous la direction de Mlle Hultegger et M. Jean Cassou, 1958.