Jo Goldenberg

« Je suis né rue des Rosiers, à Paris. Mes parents étaient installés au 15.
Mon père est né à Odessa. Il a quitté la Turquie au moment du génocide arménien. Il aidait les enfants arméniens, c'était atroce.
Et lui-même, après, il a subi le génocide, massacré à Auschwitz avec sa femme et trois de mes soeurs. J'étais avec mes frères, qui ont réchappé aussi. On était quatre frères.
Et, à la Libération, ça a été pour nous un miracle de pouvoir respirer sans craindre de sortir.
Je ne me suis jamais caché, j'ai réchappé. J'avais des faux papiers.
Quelques amis catholiques m'ont aidé.
À la Libération, j'étais un des premiers engagés FFI. J'ai arrêté Von Choltitz, le nazi qui dirigeait Paris ; il allait s'enfuir place de la République, avec une traction toute neuve et un revolver en nacre que je lui ai sorti de la poche.
J'avais vingt ans et j'avais déjà vécu avant la guerre la provocation des fascistes.
Ici, c'était le premier resto du coeur, c'est Rothschild qui l'avait fondé pour tous les immigrants, ça s'appelait « Le Fourneau alimentaire ».
Maintenant, en proposant ces produits que je fabrique moi-même, je continue d'une autre manière à faire honneur à la France. »