Coiffe
Afrique, Afrique du Nord, Maroc, Tiilit,
19e siècle/ 20e siècle, 1er quart
Inv.
2015.12.001Bijoux
Coiffe
Tasfift
photo © mahJ / Pauline Guyon
Dimensions :
H. 8- D. 22,0 cmLaine, argent, émail, perles de couleur
mahJ,
Acquis avec la participation du FRAM d'Ile-de-France
Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.
Contexte d'utilisation
Fête familiale/ MariageHistorique
Diadème, tasfift, est porté pour la première fois le jour du mariage, puis il devient une coiffure traditionnelle des femmes juives mariées de la vallée de Dadès, au Maroc. Il s’agit d’une pièce très rare liée, d’une part, au costume traditionnel des femmes juives et, d‘autre part, à la vie économique de la communauté juive au Maroc.
Au début du 20e siècle, les bijoux étaient encore des attributs identitaires : dans un même village ou une même tribu, toutes les femmes portaient des parures similaires, reconnaissables à leurs formes et à leurs décors. Par ailleurs, dans la plupart des régions rurales du Maroc, les femmes juives s’habillaient comme leurs voisines musulmanes, portant un drapé agrafé par des fibules. La seule particularité des femmes juives était le port de coiffes ou diadèmes spécifiques. Elles suivaient en cela les préceptes de la religion qui interdit à la femme juive de laisser voir ses cheveux dès le jour de son mariage.
Le diadème tasfift était fabriqué par les artisans juifs.
L’histoire de l’orfèvrerie au Maroc est liée à la présence très ancienne d’artisans-bijoutiers juifs qui furent pratiquement les seuls à assurer la fabrication des bijoux dans ce pays jusqu’au milieu du 20e siècle. Leur production s’adressait aux femmes tant juives que musulmanes. Avec la création de l’état d’Israël et la fin des protectorats français et espagnol au Maroc, les juifs commencèrent à émigrer en grand nombre. Leur disparition des zones rurales fut rapide, surtout dans le Sud ; l’amenuisement des communautés citadines fut plus lent, mais continu, ce qui entraîna la fin de l’artisanat juif des bijoux. La fabrication de ces derniers s’est maintenue dans les villes de Fès, Casablanca et Tétouan, où elle est assurée par des musulmans installés au cours des dernières décennies. Dans les zones rurales, au nord du Haut Atlas, la production de bijoux s’est arrêtée avec le départ des juifs.
Voir dans la collection du Mahj des photographies de Jean Besancenot, ethnologue et photographe, qui, dans les années 1930, a photographié des femmes de la vallée du Dadès en tenues traditionnelles et portant ce type de diadème. D’autres photographies et publications témoignent du port du diadème jusqu’à environ 1955 mais on trouve très peu de pièces dans les collections ce qui laisse supposer que plusieurs d’entre elles ont été démontées pour vendre les éléments de la coiffure à la pièce.
Provenance
Ce diadème a été acheté par le vendeur vers 1965, sur un souk du Dadès, auprès d'un revendeur musulman qui l’avait acheté à une famille juive de Tiillit. Comme dans la plupart des mellahs (quartiers juifs au Maroc) les juifs de Tiilit ont quitté leur village entre 1960 – 1963. Ces départs concernaient la totalité des habitants d’un mellah en une nuit. Ils étaient gérés par une organisation clandestine (à cette période le gouvernement n’autorisait pas les juifs à quitter le pays). Ils étaient dirigés vers l’Espagne ou la France puis vers Israël. Voyageurs sans bagages, ils devaient abandonner tout ce qu’ils possédaient. C’est dans ces circonstances que la coiffe est parvenue au revendeur musulman.Description
Une bande de laine rouge décorée sur un côté d'éléments d'argent moulé, de pièces de monnaie, de plaquettes d'argent émaillé et de perles de couleur. Aux deux extrémités une charnière en argent permettant la fermeture du bandeau frontal.Bibliographie
- Besancenot Jean, Costumes du Maroc, Edisud, Paris 1988- Morin-Barde Mireille, Coiffures féminines du Maroc, Édisud, Aix-en-Provence 1990
- Rabaté Marie-Rose, Parures. Bijoux des juifs du Maroc, Mahj, Paris 1999
- Goldenberg André, L’Art chez les Juifs du Maroc, Somogy, Paris 2014
Publication
Goldenberg André, L’Art chez les Juifs du Maroc, Somogy, Paris 2014, page 82.