Synode israélite convoqué à Paris en 1807 (Le Grand Sanhédrin)
MOYSE, Édouard
(
Nancy, 1827 - Paris, 1908
)
France,
1872
Inv.
2021.16.001Peinture
Tableau
photo © mahJ / Niels Forg
Dimensions :
H. 72 - L. 106 cmHuile sur toile
mahJ
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Justification de la date
Date inscriteHistorique
Né au sein d’une famille juive lorraine, Édouard Moyse est le premier artiste en France à exposer des œuvres traitant de sujets juifs au Salon avec "La Synagogue pendant la lecture de la Loi" en 1861. Surnommé "le peintre des rabbins", il incarne avec Édouard Brandon et Alphonse Lévy la peinture « israélite » française. S’il réalise quelques tableaux inspirés par les persécutions médiévales (inv. 96.13.001 ou 2001.30.001), "Le Grand Sanhédrin" constitue sa principale peinture d’histoire, représentant pour l’artiste – plus encore que l’émancipation en septembre 1791 abolissant les anciennes "Nations juives" au profit d’une citoyenneté individuelle –, l’événement fondateur du modèle d’intégration "à la française", connu sous le terme d’israélitisme ou de franco-judaïsme, dont il se fait l’ardent défenseur, tant sur le plan spirituel que politique.
En 1806, Napoléon a réuni une première assemblée de 106 notables pour répondre à une série de douze questions sur la compatibilité de la loi juive avec les valeurs de la nation. Le Grand Sanhédrin est une assemblée de 71 membres – 45 rabbins et 26 laïcs représentant autant les communautés de France que celles des territoires nouvellement conquis – solennellement convoquée par l’empereur du 9 février au 9 mars 1807 pour entériner les décisions transformant le judaïsme en une confession reconnue par l’État, restreinte à la sphère privée, avant la rédaction des décrets de 1808 organisant et contrôlant le nouveau « culte israélite ».
Cette assemblée tire son nom de celle des 70 sages qui accompagnaient Moïse, devenue une cour suprême siégeant dans l’enceinte du Temple de Jérusalem, définitivement abolie au début Ve siècle de notre ère.
Si cette scène présentée au Salon de 1868 (musée des Beaux-Arts de Nancy) - dont le mahj conserve une étude (Inv. 94.09.001) et une lithographie d'Emile Vernier (inv. IM/0745.07) - constitue une des œuvres les plus emblématiques de l’artiste, cette seconde version de 1872 était jusqu’ici inconnue. Plus aboutie, elle se distingue par un format moins allongé, avec un premier plan pavé plus large donnant davantage de profondeur à la scène et quelques changements dans le groupe formé par le rabbin de dos et le personnage assis à gauche. Provenant d’une famille descendant lointainement d’un des membres de cette assemblée, il pourrait s’agir d’une commande à l’artiste.
En dehors d’une gravure de David d'après Monnet illustrant un livre (inv. 2010.10.001) et d’une estampe, plus connue de Demartrais, intitulée "Grand sanhédrin des Israélites de l'Empire français et du Royaume d'Italie" (inv. 90.07.002), il n’existe aucune autre représentation de cet événement fondateur dans l’histoire du Judaïsme français contemporain. Moyse a repris ce thème en 1888, d'une manière beaucoup moins solennelle avec "L’Arrivée du Synode", dont le musée conserve à la fois une des deux versions, déposée par le musée d'Orsay (D.99.06.001.0RS), et une étude montrant un plan plus large (inv.2002.01.0653).
Provenance
Ce tableau, resté dans la même famille depuis le 19e siècle, a appartenu à Marie-Adélaïde Mery (1827-1888) apparentée aux Rodrigues-Henriques, famille de négociants juifs dits « portugais » établie à Bordeaux avant la Révolution, dont un des membres, Isaac Rodrigues-Henriques (Bordeaux, 1771 – Saint-Cloud, 1846), fut secrétaire du Grand Sanhédrin. Il pourrait s'agir du personnage assis à gauche.Description
Le Grand Sanhédrin siège à Paris dans la salle Saint-Jean, ancienne chapelle dépendant de l’église Saint-Jean-de-Grève (détruite après la Révolution) annexée à l’hôtel de ville après avoir été réaménagée en style néo-classique par l’architecte Molinos. Moyse cherche moins à en donner une représentation fidèle qu’à symboliser la solennité de l’instant, ne suggérant qu’à peine le cadre architectural. Les personnages sont tous vêtus de noirs, les rabbins portant le costume "ecclésiastique", à jabot blanc, imposé par l’empereur. À droite, on reconnaît le président de l’assemblée, le grand rabbin David Sintzheim, à son étonnante toque dont les deux cornes sont censées rappeler la mitre du grand prêtre. Le personnage assis à gauche du rabbin debout, détail modifié par rapport à la version de 1868, pourrait être Isaac Rodrigues-Henriques, secrétaire de l'assemblée.
Le fond du tableau laisse entrevoir une foule nombreuse venue assister à l'événement.
Signature
Signé en bas à droite, « Moyse / 1872 »Inscriptions
Inscription au crayon au dos du cadre et du châssis, probablement de la main de l’artiste : « Moyse, 12 rue du Parc royal (Marais) / Synode israélite convoqué à Paris en 1807 »Bibliographie
Jean Bernheim, Édouard Moyse ou la peinture israélite 1827-1908. Paris, Esthétiques du divers, 2012, p. 107-114.