Stèle funéraire de Rabbi Joseph, fils de rabbi Salomon
France, Bourges,
1285-1286 [?]
Inv.
2017.06.001Lapidaire
Stèle funéraire
Matsevet, מצ֪בת
photo © RMN-Grand Palais - mahJ / Franck Raux
Dimensions :
H. 78,5 - L. 37,5 - Ep. 14,8 cmPierre calcaire gravée
mahJ,
don d'Isabelle et Olivier Audebert et Gérard Brunet
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Contexte d'utilisation
Vie communautaire/ Culte des mortsHistorique
Trouvée dans les années 1980 par Olivier Audebert, le donateur, architecte de profession, au cours d’un chantier de démolition rue du Pré Doulet à Bourges, cette stèle provient d’un cimetière juif médiéval. Selon Gérard Nahon, il s’agirait de la stèle de Maître Joseph, fils de Maître Salomon, décédé le 27 août 1286.Cette stèle appartient au rare corpus des stèles funéraires dispersées après les expulsions des juifs de France, en 1306 et 1394 et retrouvées dans un contexte de remploi. La Couronne ayant accaparé les biens immobiliers des juifs, les cimetières furent vendus et leurs stèles mises à l’encan comme pierres de construction, d'où la disparition des stèles. La découverte, hors contexte funéraire, de telles stèles, est exceptionnelle.
Leurs inscriptions renseignent sur la filiation et la date de décès du défunt. La stèle de Bourges est datée de 1286 par Gérard Nahon, mais il n’est pas exclu qu’elle puisse être postérieure, car ayant été retaillée verticalement, son inscription est lacunaire et permet plusieurs interprétations. Ainsi, on peut également proposer une datation de 1316, après le rappel des juifs par Louis X le Hutin en juillet 1315.
Ces stèles, dont le mahJ présente un bel ensemble (en particulier le dépôt du musée national du Moyen Âge, issu d’un cimetière mis au jour lors du creusement des fondations de la librairie Hachette, rue Pierre-Sarrazin, à Paris, en 1849), constituent l’un des seuls témoignages matériels de la présence de nombreuses communautés juives dans la France médiévale avant leurs expulsions. À ce titre, elles revêtent une importance historique et muséographique fondamentale.
Hormis la retaille latérale rectiligne du côté droit, qui fait présumer un remploi en linteau, la stèle est intacte. Elle présente un élégant chanfrein sur un coté et la graphie de l’inscription est particulièrement soignée. Marginal dans l’Antiquité et au Haut Moyen Âge en Europe, l’emploi exclusif de l’hébreu est caractéristique de l’épigraphie funéraire juive médiévale.
Informée de l’existence de cette stèle en 2013, l’équipe du mahJ s'est employée à convaincre ses propriétaires d'en faire don au mahJ, ce qu'il a accepté en 2016, sans contrepartie.
Provenance
Stèle ramassée dans les gravats d’un chantier de démolition dans les années 1980 et conservée dans la salle d’attente d’une agence d’architecture jusqu'à son don au musée.Description
Pierre retaillée (il manque le haut et la partie droite de l'inscription). Inscription accrochée à la ligne supérieure selon la typographie ashkénaze. Deux lignes de réglure en bas non utilisées.Langue
HébreuInscriptions
וה]נדיב ר׳ יוסף׳...]בן ר׳ של]מה נפטר]
לגן עדן בפרשת כי] תצא בששה]
לחדש] אלול שנ[ת] חמש[ת]]
אלפים ואר]בעים וששה]
לבריא]ת עולם]
Traduction
« [...] /[de l'ho]norable M[aître] Joseph /
[Fils de Maître Salo]mon, parti /
[au jardin d’Éden en la péricope Ki-]Tetsé le six /
[du mois] d’eloul l’an cinq /
[Mille qua]rante-six /
[De la créati]on du monde »
Bibliographie
Céline Balasse, 1306 : l’expulsion des juifs du royaume de France, Bruxelles, De Boeck, 2008Publication
"Art et histoire du Judaïsme, un abécédaire", Paris, coédition mahJ/Flammarion, 2018, 254 p. (p.246-247).