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Portrait d'un juif d'Alger en costume traditionnel ou en tenue d'intérieur

LEVY, Alphonse ( Marmoutier, 1843 - Alger, 1918 )
Alger, Algérie,
1894
Inv.
2015.18.001
Peinture
Dimensions :
H. 195 - L.95 cm
Huile sur toile
mahJ,
don de la Fondation Pro Mahj

Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.

Justification de la date
Date inscrite
Historique
Peintre et dessinateur juif d’origine alsacienne, Alphonse Jacques Lévy (Marmoutier, 1843 – Alger, 1918) est le fils d’un maquignon qui quitte Marmoutier après les émeutes antisémites de 1848 pour s’installer à Strasbourg avec sa famille. Le garçon est élève au lycée impérial de Strasbourg. À 17 ans, passionné par le dessin, il part pour Paris où il devient l’élève de Jean-Léon Gérôme et se lie d’amitié avec Carolus-Duran. Admirateur de Rembrandt mais aussi de Daumier, Lévy est, (dès l’âge de 22 ans) un dessinateur et caricaturiste recherché et publie ses dessins dans de nombreuses revues parisiennes. Hostile à Napoléon III, il est connu pour ses charges féroces publiées par divers journaux satiriques et qu’il signe du pseudonyme de Saïd. En 1871, il affiche son soutien à la Commune, dont nombre de partisans seront déportés en Algérie par le gouvernement d’Adolphe Thiers.
Sous la Troisième République, le talent de l’artiste est confirmé par sa participation régulière aux Salons et par la réception de ses œuvres, notamment de celles touchant au judaïsme alsacien. Il est aussi un excellent lithographe ; ses estampes entrent dans les collections du Musée du Luxembourg et rencontrent l’approbation d’un public amateur.
Lévy a consacré une part importante de son œuvre à l’évocation d’un mode de vie juive en voie de disparition : il réalise une série de peintures, dessins et lithographies sur la vie juive alsacienne. L’artiste illustre le livre de Léon Cahun, "La Vie juive", paru en 1886 puis certaines scènes du livre de Sacher Masoch "Contes de la vie juive", publié en France en 1888. Les principales lithographies réalisées par Lévy seront rassemblées et publiées par ses soins à Paris, chez Félix Juven, en 1902 dans un recueil qu’il intitule "Scènes familiales juives" – une série qui fait écho à l’œuvre "Bilder aus dem altjüdischen Familienleben" du peintre allemand Moritz Daniel Oppenheim –, et pour laquelle Bernard Lazare rédigera une préface.
Dans les années 1890, Lévy découvre les juifs d’Afrique du Nord et plus particulièrement ceux d’Algérie. À Alger, à Constantine, le peintre témoigne de ce qu’il voit par des dessins, des peintures et parfois des récits parus dans la presse. En 1894, Lévy écrit "Les Psalmistes d’Alger", un texte sur la synagogue des Psalmistes, une des plus synagogues d’Alger, et crée une série de dessins tels "L’Aveugle dans la synagogue", dont l’aboutissement sera une huile sur toile mais aussi un ensemble de lithographies. Parmi ces études, de touchants portraits évoquent le dénuement et la piété des vieillards que Lévy observe avec tendresse.
À l’instar des peintres Edouard Moyse (Nancy, 1827 – Paris, 1908) et Edouard Brandon (Paris, 1831-1897), Lévy s’attache aux thèmes juifs. Une part de son œuvre témoigne de la lente disparition du judaïsme traditionnel dans la sphère française. Mais il fut aussi un artiste engagé dans la politique, à laquelle il participe par ses dessins et caricatures publiés dans de nombreuses revues, ainsi que par l’expression ouverte de ses sympathies pour la Commune de Paris.
L’homme représenté sur cette toile pourrait être un membre de la famille de Jules Benoît-Lévy (Paris, 1856 – Nogent-sur-Marne, 1952) installée en Algérie après 1870, artiste et ami d’Alphonse Lévy qui le reçut durant ses séjours à Alger. La qualité technique de cette peinture rappelle qu’il fut un artiste complet, peintre, graveur et illustrateur, qui sut se faire une place dans le monde de l’art de son temps. Si certaines de ses œuvres ont été désapprouvées par les juifs de son époque qui n’y voyaient qu’une description dépréciatrice d’une dignité qu’ils cherchaient à affirmer, les artistes et écrivains juifs de son temps (notamment Léon Cahun et Bernard Lazare) ont reconnu en lui un artiste intègre et moderne, dévoué à la cause des juifs et du Judaïsme au sein de la République avec empathie et tendresse.
Provenance
Ancienne collection de la galerie Saphir (Paris-Dinard)
Description
Représentation en pied devant les marches d'un escalier d'un homme barbu, coiffé d'une toque noire et vêtu d'une tunique rouge gansée et plastronnée de galons verts portée sur une chemise blanche
Signature
Signé et daté "Alph. Levy 1894"