Portrait de Moïse Aboulker
ASSUS, Salomon
(
1850 - 1919
)
Alger, Algérie, Afrique du Nord,
Vers 1880
Inv.
2013.18.001Peinture
photo © mahJ / Christophe Fouin
Dimensions :
Châssis : H. 81 - L. 65,3 cm - Ep. 2 cmHuile sur toile, châssis bordé kraft.
mahJ,
don de Sylvie Harburger et de sa famille, fille de Francis Harburger, descendante de Moïse Aboulker
Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.
Historique
La famille Aboulker est une plus des anciennes et prestigieuses familles juives d’Algérie.Fils du dayyan (juge rabbinique) Samuel Aboulker (Alger, 1815 - Jérusalem, 1895) dont le mahJ conserve aussi un portrait par Salomon Assus (91.04.002), Moïse Aboulker (Alger, 1843 – 1880) est le premier médecin juif d’Algérie à avoir entrepris des études de médecine à Paris.
En 1867, il obtient la citoyenneté française au titre du sénatus-consulte de 1865, trois ans avant que le décret Crémieux étende ce privilège à la presque totalité des juifs d’Algérie.
Il gagne la reconnaissance de la Ville de Paris en secourant les blessés durant le siège de Paris lors de la guerre franco-prussienne, en 1870-1871.
Revenu à Alger, son titre de médecin en poche, il épouse Adélaïde Azoubib (Alger, 1850 - Oran, 1924), issue d’une lignée de rabbins et de poètes. Femme lettrée à une époque où les juives algériennes l’étaient encore rarement, elle rédigea des commentaires poétiques de la Bible, illustrés par sa fille Célestine (Alger, 1874 - Paris, 1954) et publiés à Paris (En méditant les livres saints, Paris, R. Chiberre, 1922).
En 1896, Célestine Aboulker épouse Jules Harburger (Mostaganem, 1870 - Paris, 1959), avocat au Barreau d’Oran, dont la famille vient d'Alsace. Ils ont deux fils : Adrien (Oran, 1898 - Paris, 1927), qui sera médecin, et Francis Harburger (Oran, 1905 - Paris, 1998), qui deviendra peintre et Secrétaire général du Salon des Indépendants à Paris. Elle même réalise plusieurs œuvres sur des thèmes bibliques (mahJ. 2002.01.809-810 et 1129)
SALOMON ASSUS : Après des études au lycée national d'Alger, Salomon Assus étudie à l’École des beaux-arts d'Alger. Il est surtout connu pour ses caricatures, mais il est également l’auteur de portraits de notables de la communauté juive d’Alger. Père de sept enfants, Salomon Assus fera leur éducation artistique. Deux de ses fils en particulier, suivront sa voie. Maurice Assus deviendra caricaturiste tandis qu’Armand Assus, le plus jeune, fera une carrière de peintre et, outre des tableaux sur les juifs algériens, réalisera la fresque du Foyer civique, bâtiment aujourd’hui disparu.
En 1868, Assus publie Coups de crayon et coups de plumes, un recueil collectif de portraits-charges de personnalités connues. Il dessine des caricatures pour différents journaux : La Dépêche Algérienne, Le Turco, Tartempion et Le Charivari Oranais avant de partir à Paris, où il se lie avec le caricaturiste Gill, et Londres. Revenu en Algérie, il dessine de nombreuses caricatures qui mettent en scène les personnages de tous les groupes sociaux dans les rues d’Alger. Ces dessins seront publiés en série de cartes postales en couleur qu’il éditera lui-même. Enfin, Salomon Assus représentera le célèbre personnage satirique de Cagayous créé par Musette.
Dans les années 1880 et 1890, l’artiste réalise des portraits de notables de la communauté juive d’Algérie. Ces œuvres sont caractérisés par l’emploi de la technique du verdaccio, consistant à préparer la toile avec une sous-couche de mélange de noir et d’ocre jaune résultant en un vert clair grisâtre, qui permettait un contraste plus fort et des couleurs plus chaudes ; les visages et la peau ressortaient davantage parmi les dominantes sombres du tableau. Les postures hiératiques des sujets sont amplifiées par l’austérité de leur costume et la retenue de leur corps. Assus se plût-il à leur donner, surtout aux femmes, un semblant d’air de noblesse espagnole ? C’est possible. Comme il est possible que ces portraits, notamment ceux de Moïse Aboulker et de Salomon Zermati, soient posthumes et sans doute exécutés d’après photographies (ceci est avéré pour le portrait de Zermati).
Provenance
Portrait sur commande de la famille Aboulker, propriété de la famille.Description
Portrait en buste de face d'un homme barbu vêtu d'un costume d'époque. Son visage, à la carnation d'un ton blanc-vert, est légèrement tourné vers la gauche. Les couleurs sombres du fond et de ses vêtements contrastent fortement avec son visage.Signature
Non signé, non daté.Bibliographie
Sylvie Harburger, "Le peintre Francis Harburger (1905-1998), sa famille et l'Algérie" in Genéalo-J, n° 121, printemps 2015, p. 2-10.