Portrait d'Abraham et Sarah Hassoun avec leur fils André-Gilbert

Ce tableau fait partie d’un ensemble de trois portraits au pastel acquis par le mahJ en vente publique fin 2019 : un homme et une femme en costume oriental allongés sur une méridienne (mahJ 2020.01.002.2 et 2020.01.002.3) et ce portrait des deux mêmes personnages, vêtus à l’occidentale, avec leur enfant dans un parc. Une inscription, ajoutée plusieurs décennies plus tard au revers de ce dernier tableau par un certain Henri-Gilbert Hassoun (1936-2016), livre le nom du peintre, son grand-père Abraham Hassoun, une date – 1904 –, et l’identité des personnages : le même Abraham (1876-1972), son épouse Sarah née Atlan (1878-1955) et André-Gilbert (1902-1976), le bébé dans le landau, avec la mention « futur polytechnicien ».

À partir de ces indices, il a été facile de retrouver l’origine constantinoise de la famille et la profession des deux adultes, tous deux instituteurs au moment de leur mariage en 1901 à Eïn Beïda dans les Aurès. Dans les deux cas, il s’agit d’une importante promotion sociale pour ces jeunes gens de la première génération née française après le décret dit Crémieux de naturalisation des juifs « indigènes » d’Algérie (1870).

Sans doute réalisé à partir d’une photographie, ce portrait collectif semble avoir pour cadre le square Magenta d’Eïn Beïda où Abraham et Sarah sont en poste en 1904. On le retrouve en effet sur plusieurs cartes postales anciennes, avec parfois des voitures d’enfants analogues au modèle anglais dans lequel trône le jeune André-Gilbert. Les vêtements bourgeois du couple reflètent leur ascension sociale et leur adhésion à la culture française qu’ils sont chargés d’enseigner.

Le tableau a été placé dans un grand cadre en bois doré d'inspiration rococo indiquant un accrochage dans un intérieur bourgeois.