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Lettre à sa femme Marie Eskénazi

ESKENAZI, Raphaël
Drancy, Seine-Saint-Denis, France,
1942.05.31
Inv.
2008.14.016
Document d'archives
Lettre
Dimensions :
H. 14 - L. 9 cm
Écriture manuscrite à l'encre noire sur papier ligné
mahJ,
don de Kaurine Lakajzen née Eskénazi

Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.

Appartenance à un ensemble
Ensemble de 26 lettres et 3 contrats
Destinataire
ESKENAZI, Madame Raphaël
Historique
Voir aussi l'ensemble des lettres en judéo-espagnol MAHJ 2003.27.
La phrase "Tu me donneras de nouvelles de madame Couzir" est expliquée par Kaurine Lakajzen dans son livre (p.78) : "couzir" signifie coudre. Raphaël demande à sa femme si elle a mis la machine à coudre à l'abri.

Pris dans une rafle le 20 août 1941 à Paris, Raphaël Eskénazi est interné à Drancy. Tombé malade, il est transféré et soigné à l'hôpital Tenon puis à l'hôpital Rothschild. Il sera déporté vers Auschwitz en septembre 1942.
Raphaël et Marie Eskénazi (née Senie) se marièrent à Paris en 1920 et eurent trois enfants: Esther, Kaurine et Victor (dit aussi Victor-Menaché). Marie était réparatrice de tapis et venait d'une famille d'Istanbul. Raphaël venait d'Ankara et était tailleur. Le frère de Raphaël, Joseph était professeur de français en Turquie. Sa femme se nommait Esther. Une fois immigré en France, Joseph est cordonnier.
Description
Une carte portant d'un texte manuscrit recto-verso.
Langue
Français
Inscriptions
Recto:
"Ma très chère Marie et chers enfants. Après environ sept mois de séjours à l'hôpital me voilà de nouveau au camp de Drancy et je me mets à vous faire la première carte de mon arrivée. J'ai eu le bonheur d'embrasser mon cher frère Joseph qui a fait tout son possible de me prendre dans sa chambre et vous pouvez m'écrire à la même adresse. Ne vous inquiéttez pas je me trouve en parfaite santé. J'ai arrivée au camp exactement le soir de la première nuit de Chavouoth. et j'ai reçu le colis de l'hôpital et samedi j'ai reçu le colis de Drancy. En même temps j'ai reçu le colis de linge à l'hôpital même mais tu as oublié de mettre un drap de lit. j'espère que dans le colis de linge tu m'en mettras un et n'oublies pas de me mettre un en couleur. Reçu de même le pantalon. Je t'ai déjà parlé d'une paire de semelles qu'il me faut pour réparer mes chaussures mais tu as oublié de me les envoyer. tu me les enverras avec le prochain colis de linge et tu m'ajouteras une paire de talons et des clous pour les faire. Si tu n'as pas à m'envoyer de linge propre envoie moi la sacoche vide écrite de l'adresse et mets la moi dans le colis à linge de Joseph avec la paire de semelles et talons et les clous. une boîte de cirage noir. Tu me donneras de nouvelles de madame Couzir. comment va-t-elle? Pour le moment je n'ai plus autre chose à vous écrire en attendant recevoir de vos bonnes nouvelles. Je t'embrasse bien fort à toi chère Marie ainsi qu'à la chère Esther et chère Corine et au petit cher Victor. J'embrasse bien fort à la chère maman et ma belle soeur passe le bonjour à mes chers cousins Moucatel, Bonomo, Salti et j'embrasse ma chère belle-mère et je termine ma lettre en vous embrassant bien fort à tout le monde. à Bientôt de votre cher R. Eskénazi
Bibliographie
Kaurine Lakajzen, "Avoir 13 ans sous l'occupation allemande (1941-1945). Lettres de mon père". Traduction du judéo-espagnol par Haïm Vidal Sephiha.
Publication
Kaurine Lakajzen, "Avoir 13 ans sous l'occupation allemande (1941-1945). Lettres de mon père", p.75