Lettre à sa femme Marie Eskénazi
ESKENAZI, Raphaël
Drancy, Seine-Saint-Denis, France,
1941.10.22
Inv.
2008.14.004Document d'archives
Lettre
photo © mahJ
Dimensions :
H. 14 - L. 9 cmÉcriture manuscrite à la mine de plomb sur papier.
mahJ,
don de Kaurine Lakajzen née Eskénazi
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Appartenance à un ensemble
Ensemble de 26 lettres et 3 contratsDestinataire
ESKENAZI, Madame RaphaëlJustification de la date
Date inscrite sur la feuilleHistorique
Pas d'enveloppe jointe.Voir aussi l'ensemble des lettres en judéo-espagnol MAHJ 2003.27.
Pris dans une rafle le 20 août 1941 à Paris, Raphaël Eskénazi est interné à Drancy. Tombé malade, il est transféré et soigné à l'hôpital Tenon puis à l'hôpital Rothschild. Il sera déporté vers Auschwitz en septembre 1942.
Raphaël et Marie Eskénazi (née Senie) se marièrent à Paris en 1920 et eurent trois enfants: Esther, Kaurine et Victor (dit aussi Victor-Menaché). Marie était réparatrice de tapis et venait d'une famille d'Istanbul. Raphaël venait d'Ankara et était tailleur. Le frère de Raphaël, Joseph était professeur de français en Turquie. Sa femme se nommait Esther. Une fois immigré en France, Joseph est cordonnier.
Description
Une petite carte annotée d'un texte manuscrit recto-verso.Langue
FrançaisInscriptions
Recto:"Drancy le 22 octobre 1941/ Chère Marie et chers enfants,
J'ai reçu votre carte du 15 courant qui m'a beaucoup fait plaisir de savoir que vous êtes tous en bonne santé. Je t'envoie dans cette carte enveloppée la carte du chômage. Et dans quelques jours tu recevras une feuille c'est à dire une procuration du camp même qui te donne le droit d'y aller au Gymnase Japy pour toucher le chômage et tu pourras réclamer tout l'arriéré c'est à dire du jour qu'on m'a interné; Pour le certificat medical je n'ai aucune nouvelle l'a-t-on envoyé comme on l'a dit? vas te renseigner. Dans le cas qu'on nous permettra de faire venir un coli d'hiver tu me prépareras un petit oreiller une petite couverture et une paire d'espadrille pour économiser mes chaussures et un peu de savon; Mes chers petits enfants comment vont-ils? Si vous savez comment je suis fou pour les voir aurai-je encore le bonheur? endurerai-je cette terrible épreuve ? Que Dieu veille sur vous tous, et qu'il abrège cette cruelle séparation. Des poissons salés s'il en reste encore tu m'en garderas quelques uns. Tu m'enverras en même temps un peu du fil noir. Chère Marie embrasse tous les jours mes chers petits à ma place à ma chère maman qu'ainsi à ma chère belle maman. à ma chère belle soeur Esther également tu l'embrasseras. Passe les sincères bonjours aux familles Moucatel, Salti, Bonomo et tous les amis; et le la part de Joseph en même temps vous embrassez tout le monde. A ma chère fille Esther je l'embrasse très fortement et je la remercie du soin qu'elle a pour ses petits frère et soeur. Je termine ma carte en vous embrassant à tous. R. ESKENAZI
Bibliographie
Kaurine Lakajzen, "Avoir 13 ans sous l'occupation allemande (1941-1945). Lettres de mon père". Traduction du judéo-espagnol par Haïm Vidal Sephiha.