L'Art de Marc Chagall - première monographie

En 1918, date de publication de cette première monographie, Chagall commence à jouir de la reconnaissance du milieu de l’art. Il est alors de retour en Russie après un séjour de quatre années à Paris (19010-1914). Au contact des avant-gardes parisiennes, son œuvre a profondément évolué. Á Paris, Chagall s’est lié d’amitié avec le poète russophone Blaise Cendrars qui lui a notamment présenté Guillaume Apollinaire, Robert et Sonia Delaunay. Il a participé aux Salons parisiens et a exposé à la Galerie Der Sturm de Berlin en 1914.

En mars 1915, par l’entremise de Jakov Tugendhold, il participe à l’exposition "L’An 15" à Moscou pour laquelle il envoie plusieurs toiles depuis Vitebsk. Cet ensemble est commenté par Jakov Tugendhold et Abram Efross. En 1916, il participe à l’exposition de la galerie Dobitchina de Petrograd avec plusieurs autres artistes de Vitebsk, puis à l’exposition du "Valet de Carreau" en novembre 1916 à Moscou. Parfaitement intégré à la vie artistique russe, Chagall est alors perçu comme « l’un des grands espoirs de l’art russe ». Des collectionneurs connus, comme Morosov, lui achètent des toiles.

Á partir de la révolution russe qui éclate en 1917, Chagall accède à la citoyenneté, comme l’ensemble des juifs de Russie. Il est nommé commissaire des Beaux-Arts pour la région et directeur de l’école des Beaux-Arts de Vitebsk et fréquente ainsi le milieu intellectuel et artistique de l’avant-garde russe. Lorsqu’est publiée en 1918 la première monographie à son sujet par les critiques d’art Abram Efross et Jakov Tugendhold, Marc Chagall apparaît déjà comme l’un des artistes les plus importants de sa génération.

Les deux auteurs, Jakov Tugendhold et Abram Efross ont déjà écrit sur l’œuvre de Chagall. En 1914, Jakov Tugendhold a rédigé un article dans la revue russe Apollon sur le Salon des Indépendants au sein duquel il salue la présence de Chagall. Abram Efross a lui publié un article sur Chagall en 1916 dans la revue Novij Pout.

Dans cette monographie L’Art de Marc Chagall, Jakov Tugendhold insiste sur ses œuvres vitebskoises de 1914-1915, tandis qu’Abram Efross commente sa période parisienne. Ce dernier décrit ainsi l’artiste : « Chagall a le bon visage d’un jeune faune ; mais dans la conversation, sa tendresse débonnaire tombe comme un masque, et l’on se dit : les coins de la bouche sont des flèches trop acérées, ses dents, celles d’un fauve, trop pointues, et trop souvent, la douceur gris bleu frémit d’étranges et furieux éclairs ».

Publiée en 1918 aux éditions Gelikon, la monographie russe "L’Art de Marc Chagall" est republiée en 1921 en Allemagne aux éditions Potsdam sous le titre "Die Kunst Marc Chagall" dans la collection Die Kunt der Gegenwart.