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Lampe de la Reconsécration du temple ou Fête des lumières/ H

Afrique du Nord, Tunisie, Tunis,
20e siècle, 1er quart
Inv.
OBJ/2041
Objet
Lampe de la Reconsécration du temple ou Fête des lumières/ H
Hanoukkyah
Dimensions :
H. 13,2 - L. 11,7cm
Laiton
mahJ,
don de Gilles Benattar et de Nathalie Aidan à la mémoire de Gabriel G. Benattar.

Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.

Historique
Cette lampe a été fabriquée par Victor Bismuth (Tunis, 1890-1943).
Voici les extraits d'un livre de Gabriel G. Benattar, le petit fils de Victor, à son sujet :
Lundi 5 octobre 1942
[…] Victor se prépare à son tour. La journée qui vient risque d’être fatigante. Pas tant sur le plan technique mais plutôt linguistique. Il a rendez-vous à dix heures avec le Capitaine Cuderat – communément appelé Jeuk-el-Far par tous ceux qui parlent ou comprennent l’arabe – de la base militaire Forgemol, pour une commande de réservoirs cylindriques en zinc. Victor est ferblantier – plombier- zingueur. Son atelier de la rue d’Athènes, est toujours achalandé ; de la ménagère qui apporte une bassine percée et lui supplie de lui refaire le fond, jusqu’aux officiers français du Génie qui ont une confiance totale dans le sérieux de son travail, la boutique de désemplit pas. Victor poursuit son labeur en discutant avec les uns et les autres. Il sait ce qu’il doit faire et le bavardage des clients, amis ou voisins ne le dérange absolument pas. De chacune des extrémités de la rue d’Athènes, on peut savoir si âarf Vittorio – le patron – est dans sa boutique, suivant que sa fidèle bicyclette est appuyée contre le mur près de la porte d’entrée ou non. […] C’est un homme costaud. A cinquante-deux ans, il est dans la force de l’âge, mais il exerce un métier où la fatigue use son bonhomme plus vite. Il présente un embonpoint certain et il a sûrement du diabète mais il ne le sait pas : les visites chez le médecin et les examens réguliers sont réservés à une autre couche de la population que celle à laquelle il appartient. On pourrait l’esquisser ainsi : le crâne légèrement dégarni et les cheveux coupés très court, un teint sanguin et des joues où l’on distingue des veinules violettes – et pourtant il ne boit pas – des yeux remarquablement bleus et rieurs, une petite moustache, un cou de taureau, des épaules larges et le reste à l’avenant. C’est un soudeur hors pair et il est très demandé. Sa réputation dépasse les bornes de son quartier et l’armée française lui passe des commandes de réservoirs, gouttières, ustensiles divers en acier galvanisé ou en zinc. Quoique Tunisien, il est enrôlé dans le corps du Génie des Tirailleurs pendant la guerre de 14-18. Il connait mal le français, sait un peu lire et écrire, mais calcule très bien. Il ne connait pas π mais ne se trompe jamais dans le tracé d’un cercle ou le volume d’un réservoir cylindrique. [...]
Dimanche 23 mai 1943
Aujourd’hui, c’est la fête de Lag ba’Omer, 33ème jour après Pessah. Dans tout le monde Sépharade, on commémore Rebbi Chimône Bar Yohaï. […]
Victor, durant les longs temps morts que lui ont procuré les Allemands, a confectionné de ses mains habiles un candélabre tridimensionnel à trois étages et huit branches, une haddra en métal blanc. Chaque branche est prévue pour recevoir une bougie de quinze centimètres de haut environ. Sitôt prêt, chacun allume ce qu’il a choisi d’emmener et le cortège se met en marche. Victor lève fièrement son candélabre portant ses 8 bougies.
Provenance
Cette lampe a été conservée par la famille de Victor Bismuth, l'artisan qui l'a fabriqué. Transmise dans la famille, elle est offerte par ses arrière-petits-enfants.
Description
Lampe de Hanouca en laiton composée, à la base d'une rangée de huit compartiments. Dans la partie supérieure est découpé une rangée de motifs architecturaux surmontée de motifs floraux avec deux oiseaux des deux côtés. Au centre du sommet est fixé un godet faisant office de serviteur.