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Fonds d'archives

Inv.
AR/Fds Suzanne et Gilbert Dreyfus 1625
Document d'archives
Fonds d'archives
mahJ,
don des descendants de Suzanne et Gilbert Dreyfus

Pour toute demande de reproduction veuillez contacter la photothèque.

Historique
Le fonds Suzanne et Gilbert Dreyfus

Historique
En 2012, Adrien Cipel découvre dans un grenier familial des archives concernant ses ancêtres. Conscient de l’importance de ce fonds, il va l’étudier avec l’aide d’un historien, Samuel Ghiles-Meilhac, afin de retracer l’histoire de sa famille, qui est aussi celle d’un judaïsme français depuis le XVIIIe siècle. Ce travail sera publié l’année suivante sous le titre Des Français israélites : une saga familiale du XVIIIe au XXIe siècle (éditions Michel de Maule, Paris, 2013).
Le fonds d’archives fait ensuite l’objet d’un don au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, par l’ensemble des descendants Cipel/Dreyfus : Patrick et Maryse Dreyfus, Nicolas Dreyfus, Michèle Fourcade, Adrien et Barbara Cipel, Marina Fourcade, Romain Fourcade, David Cipel, Damien Cipel, Sabine Dreyfus, Alexis Dreyfus, Christopher Dreyfus et Gregory Dreyfus. Le musée inventorie, analyse et numérise l’ensemble des documents, afin de les mettre à la disposition de tous.

Le fonds
Le fonds se compose de douze ensembles thématiques :
1 : Gilbert Dreyfus (1916-2007) : de la naissance à la mobilisation en 1939.
2 : Les maîtres des Forges Dupont et Dreyfus-Eliza et René Dreyfus. Du début du XIXe au début du XXe siècle.
3 : Henriette Léon (1895-1991), vie privée et professionnelle de 1910 à 1990.
4 : David Auguste Léon (1864-1949) et sa femme Berthe Worms de Romilly (1874-1970) de 1884 à 1945
5 : Généalogie de la famille Léon et Cardoze de la fin du XVIIIe à la première moitié du XXe siècle.
6 : Gilbert Dreyfus, carrière professionnelle : département de la Seine des années 1940 aux années 1960
7 : Gilbert Dreyfus, la vie après 1945 – de 1945 à 2007.
8 : Gilbert Dreyfus : face à l'exclusion, 1940-1943.
9 : Dynastie Léon au XIXe siècle : Alfred Léon (1799-1866) et sa femme Stéphanie Cardoze (1807-1880), Adrien Léon (1827-1896) et sa femme Ernestine (1835-1892).
10 : Robert (1901- 1978) et Armand (1903-1973) Léon.
11 : Gilbert Dreyfus 1943-1944 : le départ de France pour l'Espagne puis l'Afrique du Nord.
12 : Max Dreyfus (1891-1934).

Les documents sont de natures diverses : correspondances familiales, amicales, professionnelles ; documents administratifs (dossier de réintégration, déclarations, arrêtés, etc.) ; documents familiaux (actes de naissance, de décès, de mariage, testaments, arbres généalogiques etc.) ; documents officiels (diplômes, certificats, brevets, cartes d'identités, etc.) ; documents professionnels (documents liés à la carrière professionnelle, etc.) ; photographies ; articles et coupures de presses ; témoignages transcrits.

La saga familiale
Grâce à cet ensemble, on peut découvrir l’histoire et le parcours des membres de la famille Léon, Worms de Romilly et Dreyfus :
La famille Léon (à l'origine Lopès de Léon, Léon étant la capitale de la province espagnole éponyme dont sont originaire les membres de la famille), d'origine espagnole, s'est installée au milieu du XVIIIe siècle dans le Sud-Ouest de la France pour échapper à l'inquisition espagnole et portugaise. À leur arrivée, les Léon tentent de se faire une place dans le commerce et le négoce. Deux frères, Abraham et Isaac Léon vont alors fonder en 1804 la maison de commerce « A. Léon aîné et frère » mettant ainsi en route le développement de la fortune familiale.
À partir du milieu XIXe siècle, les membres de la famille Léon laissent de côté le domaine du commerce et se destinent à des professions plus académiques. Plusieurs générations de Léon vont ainsi intégrer Saint-Cyr (fondée par Napoléon en 1802) et ensuite entamer de grandes carrières politiques, militaires ou juridiques. Ils côtoient des personnes influentes et participent à la vie mondaine de Bordeaux ou de Paris.
Famille profondément patriote, les Léon ont prouvé leur engagement et leur dévouement à la France en servant leur pays durant les différentes guerres. Durant la Première Guerre mondiale, David-Auguste Léon (né en 1864), officier de réserve, obtient même de partir au front à l'âge de 51 ans. Cela lui vaudra le titre de chevalier de la Légion d'Honneur et il sera décoré de la Croix de guerre. À la fin du XIXe siècle, deux fils de la famille Léon (Camille et David-Auguste) vont épouser deux des filles (Sophie et Berthe) de Paul Worms de Romilly, ingénieur diplômé de l’École des Mines et personnage influent au sein de la communauté juive française. Au départ, famille de commerçants lorrains, les Worms de Romilly s'installent à Paris à la fin du XVIIIe siècle pour se consacrer au domaine de la banque. Ainsi deux grandes familles juives s'unissent. De l'union entre David-Auguste et Berthe Worms de Romilly vont naître trois enfants : Henriette, Robert et Armand Léon.
David-Auguste inculque et transmet les valeurs patriotiques à ses enfants et particulièrement à sa fille aînée Henriette. D'après un témoignage de Suzanne Dreyfus, belle-fille d'Henriette, elle « n'était pas sentimentale, sauf pour la France. Je l'ai vu pleurer au moment où la France souffrait, au moment où la France n'était plus la France. » C'est cette fierté d'être française qui va la pousser à être infirmière pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale et à s'engager dans la résistance en 1942 et ce, au péril de sa vie. Elle est décorée en 1946 de la Médaille de la Résistance française. En 1915, Henriette épouse Max Dreyfus, descendant d'une famille de sidérurgistes alsaciens. Ils auront un fils, Gilbert, né en 1916. Ils divorcent en 1925 et Max décède en 1934 à l'âge de 43 ans. Au début de la Première Guerre mondiale, Max Dreyfus est grièvement blessé mais continue à diriger ses hommes. Cet acte de bravoure sera récompensé par la Croix de guerre et la Médaille Militaire. Néanmoins, il ne se remettra jamais entièrement des épreuves douloureuses vécues pendant la guerre.
Son fils Gilbert a eu une grande carrière professionnelle. Diplômé de l’École Polytechnique et le l’École Nationale Supérieure des Pétroles et Combustibles liquides, il devient ingénieur des Ponts et Chaussées en 1947 puis ingénieur en chef en 1960. Il termine sa carrière en tant que Directeur général d'Aéroport de Paris. En 1940, Gilbert Dreyfus est exclu, en vertu du statut des juifs, des industries d’État. Croyant en son pays, il va alors préparer un dossier de réintégration à l'attention du commissariat général aux questions juives (CGQJ), l'organisme chargé d'appliquer la politique de Vichy vis-à-vis des juifs de France. De 1940 à 1942, il va alors constituer un dossier et tenter de faire reconnaître sa qualité de juif français en mettant en avant la fidélité ancestrale de sa famille à la France. Il obtient gain de cause et réintègre le corps des ingénieurs de l'Industrie en 1942. Ce dossier de réintégration va amener Gilbert Dreyfus à faire des recherches sur ses ancêtres et sur les origines de sa famille. Il va constituer un arbre généalogique, recueillir des documents familiaux, solliciter les archives régionales afin de reconstituer cette histoire familiale. Il va ensuite, avec sa femme Suzanne, poursuivre cette démarche et conserver, d'années en années, ses propres documents d'archives.
C'est en hommage Suzanne et Gilbert Dreyfus que la famille a souhaité donner leur nom à ce fonds d'archives.