Ensemble des bijoux ruraux

Cet ensemble est représentatif de la production de bijoux ruraux par les artisans juifs du Maroc. La plupart ont été fabriqués dans sud du pays et portés par des femmes juives.
Au Maroc, comme dans tous les pays du Maghreb, la fabrication des bijoux était assurée jusqu’au milieu du 20e siècle par les artisans juifs qui travaillaient à la fois pour les femmes juives et musulmanes, en ville comme à la campagne. Les bijoux citadins étaient fabriqués en or ou en argent doré (en fonction des possibilités économiques de la famille), et ornés de pierres précieuses ou semi-précieuses, alors que la bijouterie rurale était essentiellement en argent.
Le choix traditionnel de ce métal ne se fondait pas tant sur des considérations financières que sur une croyance en la valeur bénéfique de la couleur blanche, capable d’écarter le mauvais œil.
Plusieurs pièces sont décorés d’émaux cloisonnés. C’est dans la région du Sous, à Tahala, que s’est développé le plus grand centre de bijoutiers juifs, spécialisés dans cette technique.
De nombreuses sources attestent que la population masculine de ce mellah (au Maroc, village habité par les juifs ou quartier juif d’une ville) était entièrement constituée de bijoutiers. Leur travail, et particulièrement celui de l’émail, a marqué toute la production de la région du fait que les artisans juifs circulaient dans le pays, suivant parfois les caravanes de nomades. Ce mode de travail explique d’ailleurs en partie la grande unité stylistique de cette production où se croisent des influences antiques et bédouines.
Les bijoux en émail cloisonné exigeaient un travail assez élaboré. Leur corps était moulé et façonné alors que les motifs du décor étaient cernés avec du fil d’argent soudé avant de recevoir les poudres d’émail de couleur, chauffées pour les vitrifier.
On peut voir des exemples de ce type de bijoux sur les photographies prises par Jean Besancenot (voir plusieurs photographies dans la collection du mahJ).