Rabbin Daniel Farhi
BEN LOULOU, Didier
(
1958
)
Paris, France,
2005
Inv.
2005.47.037Photographie
© Didier Ben Loulou – photo © mahJ
Dimensions :
H. 50 - L. 50 cmTirage couleur contrecollé sur aluminium
mahJ
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Appartenance à un ensemble
Série « Rencontres »Historique
« Je suis né à Paris en pleine guerre. Moi aussi, j'ai été un enfant caché.Mes parents étaient originaires de Turquie. Ils étaient très croyants, mais ils étaient pratiquants à la façon turque, sans fanatisme.
Quand nous étions enfants, nous sommes allés au Talmud-Torah rue Copernic, et, quand j'ai terminé mes études secondaires, le rabbin m'a conseillé de faire des études talmudiques. J'avais dix-huit ans et cette première année d'études a été déterminante.
J'ai été ordonné en 66 à Paris. En 70, j'ai commencé à militer avec les Klarsfeld, pour arrêter et faire juger en Allemagne les criminels nazis.
J'ai d'ailleurs été emprisonné, avec les Klarsfeld, pour cela.
Ma communauté de la rue Copernic, qui était plutôt bourgeoise, a été assez choquée d'avoir un rabbin qui avait fait de la prison, j'ai été très critiqué à mon retour.
Un beau soir de 77, on a décidé, avec trois ou quatre familles, de quitter la rue Copernic et de fonder le Mouvement des juifs libéraux de France.
Les orthodoxes sont nécessaires tout comme les libéraux, ils sont les gardefous les uns des autres. Le judaïsme n'a pu survivre qu'en s'adaptant.
Le fait d'être un Juif français, c'est être l'héritier d'une longue histoire, et c'est aussi recevoir l'héritage de la Révolution française. La Révolution française, en donnant leur citoyenneté aux Juifs, a aussi testé leur civisme.
Les Juifs ont toujours voulu s'intégrer à la société française. Le judaïsme libéral est très fidèle à la tradition, il est amoureux d'Israël, mais en même temps il est français.
Je dis toujours aux membres de ma communauté: « Nous sommes des citoyens français, nous devons voter », car la République est censée protéger les Juifs ; même si l'on constate des dysfonctionnements, il n'y a pas d'antisémitisme d'État. »