Bracelet de cheville

Il s'agit d'un bracelet de cheville qui est toujours plus imposant que les bracelets portés au bars. Il vient très probablement de l’Île de Djerba ou du sud tunisien.
Comme dans d’autres pays d’Afrique du Nord, l’orfèvrerie en Tunisie est étroitement liée à la présence des artisans bijoutiers juifs qui étaient pratiquement les seuls à assurer la fabrication de bijoux jusqu’au milieu du XXe siècle, travaillant pour les communautés juive et musulmane. En effet, les musulmans n’exerçaient pas les métiers d’orfèvres car vendre les objets d’argent ou d’or pour un prix supérieur à ce que vaut leur poids est considéré par l’Islam comme de l’usure. Cette situation a évolué à partir du milieu du XXe siècle lorsqu’après la création de l’Etat d’Israël et l’indépendance de la Tunisie, les Juifs Tunisiens ont émigré en grand nombre vers la France et Israël. Ce fut d’ailleurs un événement marquant dans l’évolution des bijoux tunisiens. Le remplacement des artisans juifs par des jeunes qui ne maitrisaient pas toujours les techniques a altéré la qualité de la production. Cette évolution est particulièrement perceptible sur les bijoux d’argent. En effet, la valeur esthétique des bijoux d’argent, aux formes simples, était souvent due à la finesse de décors ciselés dont ils étaient couverts.
Cette chevillière a très certainement été fabriquée par des artisans juifs comme en témoigne sa datation et la qualité du décor. Ce modèle réunit plusieurs motifs traditionnels du décor : le décor floral stylisé, l’oiseau ainsi que l’étoile à six branches qui témoigne d’une fabrication destinée à la communauté juive. Le motif du poisson, symbole de fécondité, suggère aussi que cette chevillière pouvait être portée par une jeune femme. Sa force protectrice est renforcée par la présence du motif de la main, khamsa.